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État des lieux de l’agriculture en Polynésie française, par Anthony Tchékémian

Anthony Tchékémian, enseignant-chercheur à l’université de Polynésie Française depuis 2013, nous présente son dernier livre, qui vient de paraître aux prestigieuses Presses universitaires des Antilles : L’Agriculture en Polynésie française entre tradition et innovation : vers une autosuffisance des productions vivrières dans un territoire insulaire. L’ouvrage a déjà été remarqué outre-Atlantique : il est sélectionné pour le Gourmand World Cookbook Awards, ainsi que pour le prix du livre de géographie des lycéens et étudiants. Rencontre avec un auteur au parcours atypique.


Texte & photos : Doris Ramseyer



Tour d’horizon et d’archipels sur l’agriculture polynésienne

À l’aube de la rentrée universitaire, le bureau d’Anthony Tchékémian ressemble à un îlot studieux parmi un océan de salles et de cours désertées. Son antre regorge d’ouvrages scientifiques, de souvenirs rapportés de ses missions, de cartes géographiques placardées aux murs, où trônent aussi une mappemonde et un aquarium. Anthony est un enseignant-chercheur qualifié en géographie physique, humaine, économique et régionale, ainsi qu’en urbanisme et aménagement de l’espace. Il est également l’auteur de nombreux travaux scientifiques.

 


Au terme de dix ans de recherche sur les cinq archipels de la Polynésie française, Anthony nous présente le dernier-né de ses livres, un guide pratique et une exploration approfondie des ressources, réalisations et projets en cours et à venir au niveau agricole.


Son ouvrage, richement illustré, offre un état des lieux des productions vivrières et répond aussi à quantité de questions sur les pratiques agricoles polynésiennes.

 


L’étude s’appuie sur une recherche bibliographique exhaustive, des enquêtes de terrain et l’analyse d’entretiens avec des acteurs locaux. Les monographies des îles et des atolls étudiés révèlent la diversité des activités et des productions agricoles : du coprah au monoï, de l’élevage à l’agro-industrie, de la canne à sucre au rhum, ainsi que la pêche, la perliculture, l’arboriculture, la sylviculture, la viticulture, l’artisanat, l’horticulture et les plantes médicinales.


Un parcours atypique : de bac -2 à bac +9

Anthony n’est pas un universitaire-né, puisqu’il commence ses études par un brevet d’études professionnelles (BEP) d’agent d’assainissement radioactif, pour se former ensuite dans de nombreux domaines qui vont se compléter, tout en orientant peu à peu sa trajectoire vers la géographie humaine. Il devient maître de conférences (MCF) en 2009 et, un an plus tard, voit sa thèse (sur l’impact en France d’une politique agricole européenne) récompensée par la médaille de l’Académie d’agriculture de France. En 2013, il obtient son habilitation à diriger des recherches (HDR) à Tahiti. Une étude qui le sensibilise davantage à l’importance de vulgariser ses travaux, qui deviennent ainsi plus accessibles et utiles à autrui. Actuellement, Anthony poursuit ses travaux sur le développement des territoires insulaires en Polynésie française.

 

Passionné par les liens entre l’enseignement et la recherche, l’auteur est habité par une puissante et insatiable soif de découverte, imprégnée d’humilité et de respect : je réalise aussi que j’ai à la fois l’envie de tout découvrir, de tout comprendre [...]. Au fond, mon travail de chercheur m’apporte la part de connaissances, d’aventure, d’émotion, d’introspection qu’il manquait à ma formation d’universitaire. J’ai besoin de la différence, de l’excitation qu’apporte une recherche, mais sur l’horizon d’une parenté, d’une proximité. 

 

Cette proximité, c’est celle de la Polynésie française. Un territoire qui lui apporte beaucoup, et qui fait écho à la culture de ses lointains ancêtres arméniens. Sa lignée est celle des survivants. Sa grand-mère paternelle réchappe d’une déportation menée durant le génocide arménien, son grand-père ressort vivant des camps allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Sans la rage de vivre de mes aïeux, sans leur résilience, nul enfant et petit-enfant ne serait né, remarque Anthony.



Retrouvez l’intégralité de cet article dans votre magazine tama’a numéro 33 de décembre 2024.

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