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Vanille un projet pilote pour retrouver les gestes

Installée derrière les infrastructures de la DAG à l'entrée de Moerai à Rurutu, la vanilleraie de la MFR devrait à terme produire près de 150 kilos de fruits secs. Jackina Peterano, vice-présidente, l'entretient au quotidien. Elle répète les gestes de ses parents et de ses grand-parents. Élèves et agriculteurs profitent de son expérience.


© Texte & photos : Delphine Barrais



« Aujourd’hui, j’en ai marié 32. » Entre le mois de juin et de décembre, Jackina Peterano passe tous les jours dans l’ombrière vanille installée par l’établissement Vanille de Tahiti. Elle est gérée par la maison familiale rurale grâce au (EVT) partenariat tripartite EVT/commune de Rurutu/MFR. Jackina, vice-présidente de la structure, est aussi celle qui entretient les plants. Au total, 49 tuteurs ont été posés, à raison de 4 pieds par tuteur, sur une surface de 500 mètres carrés. Chaque tuteur devrait, à terme, produire 3 kilos de vanille.


Les mariages sont l’oeuvre de l’homme, ou plutôt de la femme, ici à Rurutu. L’insecte capable de polliniser la vanille n’existe pas en Polynésie. Jackina Peterano attend que le soleil se lève, puis file dans l’ombrière, qui se trouve à quelques pas de chez elle. Le mariage doit avoir lieu au plus tôt, « sans cela, les fruits sont de petite taille », assure-t-elle. Il faut « avoir l’oeil », pour repérer les fleurs, puis les manipuler délicatement. Jackina Peterano constate : « Aujourd’hui, les saisons sont décalées. Auparavant, on commençait à les marier en septembre. » Mais, les gestes, eux, n’ont pas changé. « J’ai appris avec mes parents et mes grands-parents qui avaient un fa’a’apu avec du café, de la vanille. Ils cultivaient du pandanus et du coprah. »



« La QUALITÉ prend du temps »

Pour réussir l’opération, la marieuse chausse sa paire de lunettes. La pollinisation n’opère pas naturellement, car un opercule sépare les parties mâles et femelles de la fleur. Avec un petit morceau de bois pointu, Jackina Peterano soulève l’opercule, récupère un petit amas jaune qu’elle déplace quelques millimètres plus bas. Puis, la nature fait son oeuvre. Des gousses se développent. « Je les récolte vertes, une fois qu’elles sont à la bonne taille. »


Jackina Peterano attend que le soleil se lève, puis file dans l’ombrière, qui se trouve à quelques pas de chez elle.
Jackina Peterano attend que le soleil se lève, puis file dans l’ombrière, qui se trouve à quelques pas de chez elle.

Ensuite, vient l’étape de séchage. Les fruits sont étendus au soleil, dans le jardin, en moyenne deux heures par jour. « Jamais plus. Il ne faut pas que la vanille sèche trop vite. La qualité prend du temps. » Enfin, elles sont emballées dans des tissus, lesquels sont placés dans une glacière pour rester au chaud. Le séchage peut durer jusqu’à 3 mois. Deux kilogrammes de vanille sèche sont déjà prêts. Les élèves de la MFR – ils sont 35 – profitent du savoir-faire de Jackina. Ils (re)découvrent les gestes. Certains agriculteurs de l’île n’hésitent pas, eux non plus, à venir glaner des conseils. Des projets sont en cours. Pour l’instant, il n’y a plus de production de vanille sur l’île. Seules certaines familles disposent de quelques pieds pour leur propre consommation.



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