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Un peu, passionnément, à la folie un chapeau de Tahiti & ses îles pour votre mariage !

Imagineriez-vous un chapeau en fibre de cactus ? Ou encore en kere, stipules du cocotier, voire de roseaux ? Un chapeau issu de la nature, source d’imagination insatiable pour les artisans de Polynésie. Un art maturé par des années de savoir-faire, insufflé par la connaissance des anciens. Les chapeaux de Tahiti et ses îles, aux matières, formes et décorations exquises, se portent au quotidien comme au gré de vos fantaisies. Mais surtout, ils vont apporter une touche unique au plus beau jour de votre vie !


© Texte & photos : Doris Ramseyer

De gauche à droite : 1. Chef-d’œuvre de l’artisane Vanina Patira nommée « Okarima », et réalisé en ’ā’eho blanc et naturel, fleur de roseau, hepene, pūrau, et pae’ore. 2. Travail minutieux de vannerie, un savoir-faire qui se transmet de génération en génération


Quand artisanat & créativité se rejoignent

Toute l’âme artistique de la Polynésie s’exprime ici. Toute sa créativité s’élance dans les mouvements ingénieux des fibres naturelles, qui structurent ces fantastiques coiffures assorties à leurs parures. Toute la connaissance de la nature se manifeste dans cet art remarquable. C’est ce que révèle Elvis Pompilio, célèbre chapelier reconnu mondialement, et invité d’honneur au premier Salon du chapeau et ses accessoires, qui s’est tenu fin 2022 au Hilton Hôtel de Tahiti. Le modiste belge s’émerveille devant l’extraordinaire talent des créateurs : un art qui détonne parmi tout ce qu’il a vu à travers le monde.


Les mains, les doigts, les ongles même des artisans, continuent à tresser, à coudre, à confectionner, comme si la création était un prolongement d’eux-mêmes.

Sur leur stand reposent les chapeaux, des plus simples aux plus sophistiqués, assortis de paniers, d’éventails et autres accessoires. Les vanniers sont jeunes ou plus âgés, viennent de Tahiti ou des îles, et travaillent avec une humilité et une discrétion qui leur sont naturelles.



Rencontre des artisans polynésiens avec Elvis Pompilio, chapelier de renom. Il s’agit d’un partage et d’un échange mutuel autour du chapeau


Pūrau et more (issus de l’Hibiscus tiliaceus), pae’ore (Pandanus), kere et nī’au (fibres et palmes de cocotier), tapa (étoffe fabriquée à partir d’écorce d’arbres), ’ā’eho (roseaux des montagnes), la liste est non exhaustive.


Chaque matière offre une spécificité, une souplesse et une teinte particulière qui donnera naissance à des œuvres uniques. Les ornements sont façonnés avec des fibres naturelles, mais aussi des nacres, des coquillages ou des perles.



 

Quel chapeau pour quel type de visage ?

  • Si votre visage est allongé, tous les styles de chapeaux vous mettront en valeur et des bords larges contribueront encore davantage à harmoniser vos traits.

  • Pour les visages ronds, privilégiez un chapeau de mariage à bords plutôt larges.

  • Les visages carrés trouveront leur bonheur sous un chapeau qui arrondit les angles, aux bords larges et aux courbes ondulantes.

  • Avec un visage « en cœur », les chapeaux arrondis à bords courts seront les plus seyants.

  • Pour ceux qui n’ont pas une « tête à chapeau » ou qui n’ont pas l’habitude d’en porter, le headband en coquillages se posera avec délicatesse et simplicité autour de votre tête. Il habillera votre chevelure avec naturel et élégance, en parfaite harmonie avec l’environnement. Moeata Tahiri n’hésite pas à plonger dans les eaux turquoise de Takapoto pour ramasser ces trésors du lagon, qui embelliront votre chevelure de sirène.


Petit ou grand chapeau ?
  • Une robe de mariée plutôt sobre se portera plus facilement avec un grand chapeau. Au contraire, si votre robe est ample, préférez un chapeau plus petit.

  • Une calotte haute est idéale pour les personnes de petite taille, une calotte moyenne ou basse est parfaite pour les personnes de grande taille.

  • Veillez à harmoniser chapeau et accessoires, domaine de prédilection des artisans polynésiens !


Quelle coiffure de fête adopter avec un chapeau ?

De nombreuses coiffures s’accordent avec un chapeau. Cheveux lâchés, queue de cheval basse, side-hair avec vos cheveux rassemblés sur une seule épaule.

Le chignon fera fureur, porté bas telle une danseuse, sur la nuque, en chignon tresse, banane, ou bohème, voire décoiffé… Sans oublier la tresse et son air romantique, un peu lâche, ébouriffée, légère, en épis, portée sur le côté… Les variations sont infinies !


 

Orama Ou Wen expose des chapeaux de Rurutu sur lesquels elle a greffé des nacres à l’effigie de fleurs, de poissons ou de coraux.

Mise en valeur de l’art polynésien


L’artisane de la nacre présente, informe, fait essayer ses sublimes chapeaux aux clients qui affluent à son stand. Orama est ici pour promouvoir le travail des îles Australes, au savoir-faire inégalé. Elle saisit l’un des plus beaux chapeaux exposés.


Une artisane de Rurutu le lui a fabriqué tout spécialement. L’avant du chapeau peut devenir l’arrière, et inversement. Orama l’a paré de nacres en forme de fleurs et de feuilles. Une originalité qui remportera le prix coup de cœur du jury !

Moeata Tahiri, présidente du Comité de l’artisanat des Tuamotu, représente avec fierté les chapeaux et les paniers de ses îliennes. Aux Tuamotu, les artisanes préparent les tiges végétales, puis choisissent soigneusement leur moule en bois. Le travail de tressage démarre alors, partant du centre supérieur pour s’élargir progressivement et circulairement jusqu’aux bords. Un labeur d’une journée pour les créations les plus simples, à des dizaines d’heures pour des couvre-chefs plus complexes.


Pendant longtemps à travers le monde, le chapeau est traditionnel et identitaire. Peu à peu, il devient accessoire de mode, porté lors d’occasions spéciales ou pour se protéger des climats extrêmes, comme c’est toujours le cas en Polynésie, notamment aux Australes. Les plus anciens chapeaux du territoire, détenus par le musée de Tahiti et ses Îles, datent du XIXe siècle. L’inspiration est européenne, mais la Polynésie a entièrement accaparé l’art et la technique.



Chapeau de Rurutu qui remportera le prix « coup de cœur du jury » du meilleur accessoire, réalisé en nacre par Orama Ou Wen


Aujourd’hui, le chapeau revient au goût du jour, à la fois pour protéger la peau et les yeux du soleil, mais aussi pour valoriser le visage, souligner la personnalité et affirmer un style.

« Il s’agit de relancer une tendance », confie Vanessa Cuneo, chargée de développement, d’animation, de contrôle et communication du service de l’artisanat traditionnel. Ce dernier organise deux salons thématiques par an afin de redynamiser le secteur. Même concept pour ce premier salon Tāupo’o, l’art du chapeau et de ses accessoires, aux animations riches et diversifiées : « L’idée est de mettre en lumière le savoir-faire et le talent des artisans ! », explique Vanessa, qui se réjouit du succès du salon ainsi que de la présence d’un invité de marque, Elvis Pompilio. Le modiste belge travaille avec simplicité auprès des artisans polynésiens. Il s’agit d’un échange de savoir-faire et de regards mutuels sur le chapeau. Un choc de culture aussi, afin de toujours s’enrichir, se renouveler et s’ouvrir à la nouveauté. Pour Vanessa, il est important que la culture évolue pour ne pas mourir.


Beauté végétale

Elle est artisane de Tubuai, lui, créateur, mais aussi chef de groupe de danse et costumier. Ils réalisent ensemble l’un des six challenges du salon. Mirella Fuller Hauata, en binôme avec Teraurii Piritua, dispose de quatre heures pour réaliser un « chapeau à quatre mains ».

La base de leur ouvrage commun : la fibre de taro, aliment symbolique et nourricier du fenua, comme du triangle polynésien. Deux univers se mélangent, celui de l’artisanat et de la création, en un tandem bouillonnant de talent et d’imagination. Les chapeaux ainsi créés auront l’honneur d’être portés et admirés durant le défilé.


Portée lors du défilé, cette création a été présentée au concours du meilleur chapeau, réalisé par Tamanee Alves, nommé « chapeau moulin », composé de pae’ore, nī’au blanc, et feuilles de fruits de la passion


Troisième jour du Salon du chapeau et ses accessoires. La nuit est tombée, la piscine du luxueux hôtel illumine son eau couleur lagon, et à ses abords, la foule s’est massée autour de la piste vivement éclairée par les spots colorés. La sono densifie le rythme des percussions : le défilé organisé par Alberto V en collaboration avec Elvis Pompilio va commencer. Un premier mannequin apparaît, la vahine se trouve entièrement de blanc vêtue, sobre et élégante, pour que le regard s’accroche à son couvre-chef, et ne s’en décroche plus. Les chapeaux exposés dans les stands prennent vie, bougent avec élégance, grâce et séduction. Les artisanes polynésiennes contemplent leurs créations devenues mouvantes, elles sont fières, émerveillées, intimidées aussi. Ce sont parfois des mains usées par le temps qui ont confectionné minutieusement ces chapeaux portés avec fougue et jeunesse dans un délicieux vent de modernité. Une sublime rencontre entre deux mondes, entre deux cultures.


Un chapeau de mariage à la beauté intemporelle

Le chapeau made in fenua, grâce à ses couleurs neutres et naturelles, se marie avec toutes les tenues et toutes les couleurs. Il offrira un air seyant, gracieux ou bohème à une robe de mariée immaculée ou un élégant costume masculin. Des pièces uniques, que personne d’autre que vous ne portera jamais. Un chapeau 100 % écologique, entièrement biodégradable, et qui pourtant perdure dans le temps. Pour lui rendre son éclat, les artisans recommandent de l’imbiber d’un peu d’huile de coco vierge afin de nourrir les fibres.


Pour ce jour de fête, une robe ivoire, un costume distingué, voire un paréo polynésien traditionnel. Sur votre tête, un chapeau végétal au savoir-faire remarquable, dont les larges bords tempèrent la chaleur du soleil tropical. Autour de votre cou, un collier de fleurs de tiare, faisant écho au parfum de monoï sur votre peau. Le prêtre polynésien murmure une incantation, telle une litanie ancestrale. Ses vœux vous portent, bientôt succédés par le rythme des percussions polynésiennes. Le son des instruments insère sa cadence au bruissement des vagues et au souffle de l’alizé. Yeux dans les yeux avec la personne que vous aimez, une union magique vous relie au cœur de la nature polynésienne.


Portée lors du défilé, cette création a été présentée au concours du meilleur chapeau, réalisé par Tamanee Alves, nommé « chapeau moulin », composé de pae’ore, nī’au blanc, et feuilles de fruits de la passion



Evaline Raipuni est l’une des artisanes les plus âgées du salon. Originaire de la Presqu’île de Tahiti, son art en frisottis interpelle. « Je travaille depuis longtemps les matières végétales, et particulièrement le mautini, la fibre de potiron. Une technique apprise auprès des anciens et que je transmets à mon tour à d’autres femmes lors d’ateliers, pour faire vivre et pérenniser cet art.


Je pars chercher les tiges, les racines de mautini, dans la vallée, à moins que des voisins ne m’en apportent.

Je passe une journée entière à les couper. Puis les tiges vont tremper dans l’eau pendant une à deux semaines. Le nettoyage représente ensuite une entreprise délicate en raison de leur grande fragilité.

Après ça, je fais sécher les tiges à l’ombre afin qu’elles restent bien blanches. Enfin, je les travaille, en veillant à ne pas les casser ; avec des ciseaux, je réalise des frisottis, et je confectionne chapeaux, serre-tête, barrettes… »



« Il faut trier les fibres de coco, préparer les tresses, puis composer le chapeau en assemblant toutes les pièces comme une mécanique à remonter », explique Jean-Yves Tuihaa


Jean-Yves Tuihaa, maître artisan de la fibre de coco, et formateur au service de l’artisanat traditionnel.

« Voilà plus de vingt ans que je suis artiste et artisan.


Je suis créateur de bijoux au marché de Papeete. Avec ma femme Anaïs Lissant, nous partageons cette même passion de l’art ; nous nous sommes d’ailleurs rencontrés au Centre des métiers d’Art. Ce couvre-chef réalisé en fibre de coco, orné de nacres et de coquillages, sera présenté au concours du meilleur chapeau créatif. Anaïs est à l’origine du concept, puis je l’ai aidée pour la création. Pendant trois semaines, nous avons travaillé avec nos mains et nos ongles, nous avons tressé à main levée, nous avons cousu les ornements. J’aime aller jusqu’au bout de la matière. Je suis passionné par ce que je fais, l’art est quelque chose de merveilleux, qui crée des liens et qui n’a pas de limites ! »





Dossier à retrouver dans votre magazine Here #01

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