Vol au-dessus du lagon
Interview et photos : Lorelei Quirin
De nature calme, plutôt réservé, Théo inspire la joie de vivre, représentative de la communauté “surfers”. Il voue un amour très fort pour Moorea et la Polynésie en général, il n’hésite pas à hisser le drapeau de nos couleurs lors de ses sacres en championnats. C’est au cœur de la vie joyeuse de Moorea, au détour d’une vague, jamais très loin de l’eau salée, que Théo a pris goût au kite foil. Il a pris le temps pour InstanTANE de se livrer et de raconter l’amour qu’il porte à son sport.
« C’était en 2009. J’avais 11 ans, j’étais accompagné de mes parents et, après 24h de vol, j’arrivais en Polynésie française. ».
La vie de Théo débute comme un roman de Karen Blixen.
« Au mois d’Aout nous débarquons sur Moorea, dans un fare, à Temae. A cette époque je ne pratiquais pas encore le kite. Un simple stage d’initiation réalisé au Philippines m’avait été dispensé, mais, impatient, je voulais tout apprendre tout de suite, trop vite, mais surmonter l’inexpérience fut trop compliqué pour moi, je n’allais pas poursuivre dans ce sport.
La magie de Moorea
C’est face au magnifique lagon et ses eaux tièdes typiques de Polynésie, que l’opportunité est née. Le vent m’a frappé et poussé à faire un stage avec David Bourroux, créateur de l’école de kite Lakana Fly de Moorea, (connu comme le loup blanc dans les années 90, et classé dans les championnats internationaux de Windsurf). Je sens à travers lui la passion, l’entrain, l’amour de la communauté rider.
Encouragé par mes premières sensations, toutes les conditions sont réunies pour que je sois mordu.
Un peu tous les jours, j’ai régulièrement navigué sur le spot le plus connu de l’île, aux Tipaniers. Encore au collège de Paopao et sous l’œil bienveillant de mes tontons Tamatoa, Niko, Torea et Olivier, j’enfilais ma planche tous les jours, après mes cours. Je me laissais alors glisser sur l’eau.
Vivre sur l’eau
Mes parents ont pris ensuite la décision d’acheter un catamaran pour tenter une expérience de vie incroyable. Guidé par les flots, la navigation en Polynésie m’a permis de gouter à une grande liberté. C’était génial de pouvoir pratiquer le kite dans des spots de rêves que seule la Polynésie possède. J’ai même ainsi pu vivre
aux Marquises, à Nuku Hiva, où j’étais au collège. Ce fut pour moi une expérience de vie humaine très forte.
Les Marquises (Théo est rêveur)… j’y reviendrai un jour, c’est sûr !
Les endroits où j’ai le plus navigué sont sur les lagons de Raiatea, Taha’a, Bora-Bora et Maupiti, autrement dit
le rêve pour tout rider ! Pouvoir connaître ces bleus turquoises et translucides est un cadeau inouï.
Premières compétitions
Au bout de quelques années, mes parents rentrent en métropole, pour des raisons professionnelles d’une part, mais aussi pour m’offrir l’opportunité de donner vie à mes envies : faire de la compétition afin de me tester aux autres riders… Mes premiers bords dans l’eau froide ont été terribles. Avoir une combinaison entravant ma sensation habituelle de liberté fut difficile, mais je n’avais pas le choix, il a fallu s’adapter. J’ai commencé mes premières compétitions avec du matériel que je n’utilisais pas à Tahiti, des planches de race. J’ai réalisé mes premiers résultats et podiums en 2015 et 2016, dans la catégorie Junior. On m’a tout de suite proposé de rejoindre le pôle France de Montpellier pour m’entrainer avec d’autres jeunes et progresser.
Tout s’est enchainé très rapidement : les compétitions nationales puis très vite l’international. Un nouveau monde s’est ouvert à moi : accumuler de l’expérience, des victoires, de la joie mais aussi des défaites, des contraintes et des difficultés.
Le haut niveau
Aujourd’hui, à force de persévérance, porté par l’amour du milieu, je suis devenu un sportif de haut niveau.
Je fais partie du top 10 mondial en catégorie Foil (les engins qui volent sur l’eau).
J’aurai 21 ans à la fin de l’année. Actuellement je ne pratique que le kite mais je fais également du
développement et de la mise au point de matériel de ride. J’ai la chance d’avoir plusieurs sponsors dont
Air Tahiti Nui qui me permet de venir au fenua pour m’entrainer durant la saison hivernale métropolitaine.
J’aimerais passer mon match master très prochainement sur Tahiti afin de pouvoir skipper des bateaux en Polynésie et de partager ma passion du kite auprès du plus grand nombre. Dépendant des éléments naturels, lorsque le vent n’est pas là, c’est le surf qui prend le relai, ou bien l’exploration de la terre à travers le VTT, l’escalade, la moto… en fait tous les sports de ride et de nature.
Pour la saison 2019, mon objectif est de pouvoir rider avec le smile, à ma convenance, être libre de mes choix, être simplement moi. Je pense faire encore de beaux voyages, de belles rencontres et tacher de rester au top niveau.
Un grand mauruuru à vous tous,
Théo le tahitien (le tchuruu)
Les sponsors de Théo
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