Notre seule limite, c’est nous-mêmes
© Textes : Virginie Gillet - Photos : DR et Virginie Gillet
Timide, hyper gentil, toujours souriant, dénué de tout esprit de compétition, Teddy Teng est pourtant devenu à 27 ans l’un des athlètes les plus performants de Polynésie. Une saine nature qui a dû voir nombre de bonnes fées se pencher sur son berceau car ses talents ne se sont pas limités au taekwondo : ingénieur, prof de maths, récompensé il y a peu par un trophée du tourisme, le jeune homme, repéré sur Instagram, est sur le point de partir aux États-Unis pour se lancer dans une carrière de mannequin. Le gendre parfait on vous dit !
Alors que nous achevons notre tour des sports de combat et arts martiaux au fenua, rencontrer Teddy tombait à pic. Son physique avantageux et son sourire chaleureux ne doivent pas faire oublier un palmarès tellement impressionnant que lui-même en a presque perdu le décompte de ses médailles. Jugez plutôt : une vingtaine de titres de champion de Polynésie, trois titres de champion de France et trois autres de vice-champion de France, un titre de vice-champion d’Europe et deux médailles d’or aux Jeux du Pacifique… Pourtant, Teddy Teng, également plusieurs fois médaillé aux Océanias, est bien plus qu’un athlète : une personnalité attachante qui multiplie les cordes à son arc. Au point de s’être vu récompensé en décembre dernier par le trophée Mana attitude décerné à la personnalité coup de cœur de la seconde édition des Trophées du tourisme. Alors qu’est-ce qui fait courir ce jeune homme aussi pressé que parfait, qui est également ingénieur en énergie, exploitation et maintenance des installations (un diplôme obtenu en 2016 à l’école catholique des arts et métiers de Lyon et qui lui a permis d’exercer en France au sein d’Engie - l’équivalent d’EDT -, puis au Vietnam), revenu en Polynésie où il est devenu prof de maths (une année au sein du lycée La Mennais) et d’où il s’apprête encore à emprunter de nouveaux virages ?
Dans quelles valeurs as-tu grandi et quelles ont été les influences de ton enfance et de ta famille ?
J’ai beaucoup grandi avec mes grands- parents à Pirae ; c’étaient des agriculteurs originaires de Huahine qui produisaient des fruits et des légumes. Au début, on dormait sous des bâches, on n’avait pas de maison solide, ni eau ni électricité, mais on nous donnait beaucoup d’attention. Je me souviens de mes parents, qui profitaient des derniers rayons du soleil pour nous raconter des histoires, des légendes… Pour moi, c’est resté la simplicité des choses : j’étais heureux même si je n’avais pas les derniers jeux. La famille, c’est authentique. Ils sont ma source de motivation et de dépassement de soi. Ils ont essayé de créer un cadre dans lequel on puisse s’exprimer et écouter la voix intérieure qui nous pousse à faire des choses passionnantes. Ce sont ces bases solides qui m’ont permis de construire tout ce qu’il y a autour de moi aujourd’hui. »
« Pour moi, les vrais héros ce sont les parents qui encouragent leurs enfants à se surpasser et qui soutiennent leurs activités. »
Pourquoi le sport tient-il une telle place aussi dans ta vie et pourquoi le choix du taekwondo ?
Mes parents se sont rencontrés grâce au sport. Ils étaient tous les deux dans les arts martiaux et nous (les trois enfants du couple, deux garçons et une fille), nous n’avons pas vraiment eu le choix. Depuis tout petits, on les a accompagnés : mon père donnait des cours et du coup ça nous est venu naturellement. S’ils n’avaient pas été là, j’aurais abandonné il y a longtemps car le taekwondo est un sport très exigeant, qui réclame de faire attention à son poids et de s’entraîner dur… pour se faire taper dessus ! En plus, ça allait vraiment à l’encontre de ma personnalité profonde. Mais justement, ça apprend bien davantage à se surpasser soi qu’à surpasser l’autre. Aujourd’hui, c’est normal d’aller à l’entraînement ; en plus, on y va à tout un groupe, en famille, samedis et dimanches inclus, et ça fait juste partie de nos vies. »
En marge de cela, tu as aussi fait de brillantes études...
On m’avait proposé de faire sport études mais mes parents s’y sont opposés à cause des débouchés limités. Pour eux, il y avait l’école d’un côté et la passion de l’autre. Et l’école était le plus important. J’ai choisi mon cursus parce que j’ai toujours été attiré par la protection de l’environnement. Étant un enfant des îles, je trouvais que c’était un secteur majeur pour la Polynésie. De retour, j’ai eu envie d’agir pour le Fenua. Ce qui a d’abord pris la forme d’un événement, Body Fit Martial Art, destiné à rassembler la population autour du sport pour la bonne cause. La deuxième édition, cette année, a rassemblé plus de 680 personnes. Tous les fonds collectés ont été reversés à des associations qui œuvrent en faveur des femmes battues et des patients atteints de déficiences mentales. Mais comme je pense que tout est lié, le sport, la santé, le respect de soi et de l’environnement, j’ai décidé d’élargir l’édition de septembre 2019 à la préservation de la nature. »
Teddy Teng est aussi un danseur émérite de ’ori Tahiti qui a eu l’occasion de remporter le Heiva en 2017 en concourant au sein de la troupe des Tamariki Poerani de Makau Foster.
Tu communiques aussi énormément sur les réseaux sociaux et notamment à travers des vidéos... et c’est ce qui est d’ailleurs sur le point de changer ta vie !
Il y a longtemps que j’ai compris leur impact pour faire passer des messages et de la positivité. Ça me tenait aussi particulièrement à cœur de partager ma culture polynésienne, des endroits magnifiques du Fenua et d’aller à la rencontre de personnalités inspirantes. C’est cette démarche, je crois, qu’est venue récompenser ce trophée du tourisme. C’est aussi via Instagram que j’ai été récemment repéré par une agence de mannequins américaine pour laquelle je vais prochainement m’installer aux États-Unis. Pour moi qui ai toujours été complexé par mon corps, c’est une belle revanche ! Comme un ami me l’a dit, il y a plusieurs chapitres dans nos vies. Je me fixe des challenges et j’essaie d’accumuler des expériences pour devenir une meilleure personne tous les jours, en essayant de rendre heureux les gens qui m’entourent et me suivent. Aujourd’hui, notre jeunesse ne sait pas où et vers quoi elle va. J’aimerais les aider à dédramatiser : ils ne sont pas seuls. Moi non plus je n’étais pas destiné a priori à faire ce que je fais aujourd’hui. Je suis en quête de mon propre chemin mais j’espère les inspirer pour les inciter à réaliser leurs rêves. »
Teddy est actuellement suivi par près de 5 000 personnes sur sa page Facebook perso et par 4 700 sur sa page de personnalité publique.