La société Tahiti Air Charter a effectué son premier vol commercial mi-avril 2018. L’occasion de prendre un peu de hauteur pour visiter nos îles. Plus qu’un voyage, la société propose une expérience. Unique.
« Je suis votre pilote de sécurité », annonce Ariitaia Meuel, debout sur l’un des flotteurs de l’appareil.
« Je vais vous montrer comment ouvrir les portes. » La scène se passe sur la piste de l’aéroport de Faa’a, zone nord. L’hydravion de Tahiti Air Charter et les pilotes, basés à Raiatea, sont de passage sur Tahiti. « Vous trouverez sur votre siège une ceinture et un harnais, gardez-les pendant toute la durée du vol. Vous n’avez pas le droit de circuler de toute façon. En cas d’évacuation sur l’eau vous trouverez un gilet de sauvetage et, dans la pochette sur le siège devant vous, quelques consignes à lire. »
La compagnie d’hydravion polynésienne Tahiti Air Charter ne rigole pas avec la sécurité de ses passagers. À bord, aux commandes, ils sont toujours deux. « On a un comandant de bord et un pilote de sécurité, même si cela n’est pas obligatoire », assure Stéphane Rozain, l’un des trois pilotes de la société. « On a carte blanche pour s’entraîner, ce qui est indispensable pour conserver les automatismes, on suit des formations, régulièrement, on établit des programmes de vol en respectant scrupuleusement la réglementation. »
« Il faut une vigilance de tous les instants », poursuit Philippe Rigot.
« Même si ce n’est pas dangereux pour autant. Piloter un hydravion demande une certaine technicité, de l’expérience, du savoir-faire et une attention sans faille. »
L’hydravion est un avion qui a la capacité de se poser (amerrir) et de décoller (déjauger) sur l’eau.
Ce mode de transport n’est pas très commun. Pour preuve, Tahiti Air Charter est la seule compagnie française à exploiter commercialement des hydravions. Elle en possède deux actuellement du type Cessna 208 Caravan amphibian (voir encadré).
Après plusieurs années de mise au point, la société du groupe Degage a obtenu l’agrément pour son atelier Part 145 l’autorisant à entretenir les avions de sa flotte en août 2017. Elle s’est vue attribuer son certificat de transporteur aérien le 4 avril 2018. Les vols commerciaux ont démarré dans la foulée.
Tahiti Air Charter ne rigole pas non plus avec le confort de ses passagers : escalier, main tendue (avec ses 5 mètres l’appareil est beaucoup plus grand qu’imaginé !), climatisation à bord, présentation du vol, description des paysages survolés, mise à disposition de bouchons antibruit pour les plus sensibles. À bord, il y a six ou huit places disponibles maximum (le nombre de sièges est fonction du fret). Pour le vol qui s’annonce ce vendredi matin, c’est Philippe Rigot le commandant de bord. L’hydravion est au complet, paré. « On va faire une ventil’, c’est bon pour toi ?», interroge Philippe Rigot. « C’est bon », répond Ariitaia Meuel. Le moteur est en marche, l’appareil se met en branle, il roule puis, enfin, décolle. Tout en douceur.
Il se stabilise à 450 mètres d’altitude, à 220 km/h. Lorsque les vents qui roulent le long des flancs de montagne secouent un peu trop, Philippe Rigot s’écarte tranquillement de l’île. « Mais les paysages restent quand même aussi beau », lancent-ils en souriant aux passagers du jour. Lesquels acquiescent, bouche bée. Ariitaia Meuel reprend la parole : « On va suivre la côte ouest de Tahiti jusqu’à Taravao et, si les conditions le permettent, on se posera dans la baie de Phaëton. » Le rêve. « Pour pouvoir amerrir, il nous faut des autorisations », glisse au passage le commandant de bord. « Nous avons déjà une dizaine d’hydrosurfaces, c’est le nom données à ces zones d’amerrissages autorisées, à Tahiti, Raiatea, Taha’a et Huahine, d’autres ont été demandées. Dans l’idéal, dans des lagons comme Bora Bora, Taha’a, nous aimerions pouvoir aller jusqu’au ponton des hôtels. »
En attendant, l’île de Tahiti se dévoile.
L’hydravion vole à une altitude idéale qui permet de voir les gorges se découper, les essences d’arbres draper les vallées, les bleus se décliner, et même les baleines et dauphins batifoler. « Nous arrivons en baie de Phaëton », annonce le pilote de sécurité, « nous allons faire un tour de reconnaissance ». L’hydravion se rapproche des eaux, il tourne, se replace face au vent. Et le verdict tombe : « les conditions ont évolué depuis ce matin », indique le commandant de bord. Preuve, s’il fallait, de la nécessaire capacité d’adaptation des pilotes. Les zones d’amerrissage ne sont jamais les mêmes d’un jour à l’autre, voire parfois, d’une heure à l’autre. « Mais on peut encore se poser sans risque. » Ravissement dans la cabine. L’appareil touche l’eau, il est à 100 km/h, il glisse, puis reprend de la vitesse et décolle. Il reprend son altitude et sa vitesse de croisière. L’expérience dure quelques secondes mais reste pour la vie.
Tahiti Air Charter propose actuellement des vols à la journée, des excursions découvertes, des vols privés. Elle transporte des passagers comme du fret selon les besoins, s’adresse aux touristes internationaux autant qu’aux Polynésiens. À terme, la société envisage d’ajouter trois appareils à sa flotte. Elle se positionne comme une alternative aux compagnies aériennes et maritimes locales. « Par exemple, il n’est pas toujours facile de circuler entre Raiatea, Bora Bora, Maupiti. » Elle peut répondre, aussi et selon les cas, à des interventions d’urgence.
« On peut aller chercher quelqu’un au milieu d’un grand lagon comme celui de Rangiroa. »
Ou bien encore assurer des missions particulières dans les îles des Tuamotu peu, voire pas, desservies. Son évolution dépendra des besoins et des envies de la Polynésie, et de ses visiteurs.
Le Cessna 208 Caravan amphibian en chiffres
Capacité passagers : 8
Rayon d’action: 1 682 km
Vitesse de croisière maximale: 294 km/h
Charge commerciale offerte: 1 050 kg
Longueur: 11,61m
Hauteur: 5,36m
Envergure: 15,87m
CONTACTS
Tahiti Air Charter, la compagnie d’hydravion polynésienne
Tél. : 40 50 54 86
Mail : fly@tahiti-air-charter.com
Facebook : Tahiti Air Charter
InstanTANE #01