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Sonny Schwe

Du mana dans les costumes

Textes et photos : Moana Blackstone


La saison des Sakura (cérisier en Japonais) vient de débuter à Tokyo. Entre les buildings, de magnifiques arbres parés de fleurs roses viennent apporter une délicate touche de poésie dans le coeur des travailleurs Japonais. En fin d'après-midi, nous prenons le métro en direction de Meguro et plus précisément la station de Gakugeidaigaku, afin de retrouver Sonny Shwe dans son studio de création : 'Ahu Tahiti / Zinkocreative.



Il est plutôt rare de trouver des bureaux aussi spacieux à Tokyo. Sonny et sa compagne Fujiko nous accueillent dans un grand atelier en duplex, dont les plans de travail sont équipés de machines à coudre, de ciseaux et de règles. Les étagères sont jonchées de “tapa”, de “pae’ore”, de “more” et de boîtes transparentes contenant des coquillages, des perles et des nacres. Fujiko nous honore du célèbre accueil japonais : “Habituellement je vous aurais préparé du thé, mais à cette heure-ci, peut-être que vous opterez plutôt pour une bière ?”


Nous les suivons dans les rues de Tokyo et prenons place dans un “izakaya”, ces fameux petits bars nippons

où les japonais viennent se détendre après leur dure journée de labeur. L’ambiance est détendue. Après avoir trinqué avec des “Manuia!” et des “Kampaï !”, Sonny nous raconte son histoire : “Mon nom est Sonny Swhe, je suis originaire de Californie et maintenant je vis à Tokyo, au Japon. Je suis un créateur de costumes, spécialisé dans les costumes de danse tahitienne sous le nom de ‘AHU Tahiti. Au début je travaillais essentiellement avec Mevina Liufau et sa troupe de danse, Tavake Rereata, et à présent je travaille pour tous les plus grands groupes japonais. A la base j’ai une formation de créateur de mode et pendant mes études je rêvais d’être un grand créateur.


Mais quand j’ai commencé à danser le Ori Tahiti, d’autres personnes faisaient mes costumes, et je me suis dit que je pouvais peut-être les faire moi-même. Alors j’ai essayé, et c’est là que tout a commencé !


L’AMOUR DE LA CULTURE TAHITIENNE

Au début c’est plutôt l’aspect technique qui m’a attiré dans la confection de costumes, mais

la raison pour laquelle je continue de le faire,

c’est la culture Polynésienne. Quand je retourne à Tahiti et que je fais des choses simples, comme de marcher quelque part et de cueillir du “auti”, de

le garder avec moi, puis de cueillir une “tiare”,

pour finalement être capable de créer quelque chose à partir ce qui vient de la terre et des gens qui m’ont vraiment touché, qui ont touché mon coeur et mon âme, c’est une sensation unique.”


Sonny parle avec beaucoup d’émotion dans la voix, les yeux remplis de passion.


“Ils m’ont donné une passion pour la vie et c’est ce que j’apprends de la beauté de Tahiti : les gens, tout ce qui nous entoure, les plantes, les animaux, l’océan… tout bouge en permanence et il y a un mouvement dans chaque élément. Et c’est ce que j’essaie de faire avec mon travail aussi.


Donc plus que tout, Tahiti est ce qui influence mon travail et ce que je fais ici au Japon.



Le “Mana” est tellement puissant dans la culture tahitienne !

A chaque fois que j’ai essayé de trouver un autre travail, de faire autre chose, quelque chose m’a toujours poussé à retourner créer des costumes. Régulièrement, j’organise des ateliers pour apprendre à ceux qui le souhaitent comment réaliser des costumes. Je suis très content de partager ce que j’ai appris dans le passé au sujet de la culture tahitienne. Je sais qu’elle ne m’appartient pas, mais la chose la plus importante c’est que je l’aime. Je l’aime vraiment et j’aimerais essayer de continuer à suivre mon coeur et ma passion, et faire de mon mieux avec ça.” ‘AHU Tahiti gagne régulièrement les prix des plus costumes de Ori Tahiti lors des compétitions de danse au Japon, et principalement lors du Heiva I Tokyo.









Aujourd’hui Sonny & Fujiko souhaitent développer leur activité et lancer leur marque de prêt-à-porter. Nul doute qu’avec le talent qu’ils possèdent

et la perfection de chacun de leurs gestes,

ils deviendront des références.


Nous les suivrons avec intérêt.












InstanTANE #07 - juin 2019


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