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Smart forest

Plantes sur la ville

Textes : Alix Baer - Photos : © DR


Rencontre avec un concept où le Mana pourrait s’épanouir…

La ville du Mana pourrait être construite au Mexique, près de Cancun. C'est en tout cas le souhait de l'architecte italien Stefano Boeri, qui a dévoilé en fin d'année dernière les plans d'une ville intelligente, connectée évidemment, mais totalement en forêt. Une ville à la campagne ou, mieux, une ville sauvage. Policée bien sûr, civique, mais conçue pour devenir une forêt urbaine de 557 hectares et le reter. Une ville "pionnière" d'un développement éco efficace.



La Smart Forest City Cancun, c’est son nom pour l’instant, doit être construite sur un site de 557 hectares près de la ville mexicaine, située à l’extrême sud-est du Pays, sur une pointe qui tend les bras vers les Caraïbes. Une ville dorée de plages interminables de sable blanc, mais dont tout l’arrière-pays est constitué d’une forêt primaire. Cette forêt abriterait la nouvelle Cancun. Selon l'architecte, sa ville contiendra 7,5 millions de plantes, dont de nombreuses espèces d'arbres, d'arbustes et de buissons, choisies par une botaniste spécialisée, Laura Gatti.


« Smart Forest City Cancun est un jardin botanique, au sein d'une ville contemporaine, basé sur l'héritage maya et dans sa relation avec le monde naturel et sacré », a dévoilé Stefano Boeri Architetti.


« Un écosystème urbain où la nature et la ville sont entrelacées et agissent comme un seul organisme ».


Ne trouvez-vous pas qu’il y a dans ces mots un air de mana ? Pour nous qui ressentons ou tentons de ressentir le mana de nos îles, de notre fenua,

à l’heure où la protection de la nature apparaît comme une évidence et où, pourtant, elle n’a jamais été aussi menacée, malmenée, voici

un projet urbain qui pourrait bien inspirer

nos futurs maires. Il ne s’agit pas, en Polynésie,

de trouver une nouvelle terre où se réaliser.


Plutôt se pencher sur l’existant, avec ses néons, ses groupes électrogènes, ses arbres coupés, ses tôles qui réfléchissent la chaleur, ses routes non ombragées, ses climatiseurs qui tournent au thermique… ce manque

de voltaïque partout où la lumière et la chaleur peuvent produire de la fraîcheur, ce manque d’arbres et d’ombre partout ailleurs où le soleil est inutile… Oui, il est fort probable que le concept de « ville forestière »

de Boeri qui verra des villes composées de gratte-ciels couverts de plantes se déployer dans les zones urbaines de Chine jusqu’alors ultra polluées est une solution à envisager pour l’avenir.


Des canaux bordés d’allées de jungle engloutissent le bâti ; des drones assurent les livraisons. Les panneaux photovoltaïques fournissent 100% de l’électricité nécessaire à la ville connectée, aidés en cela par une absence totale de climatisation, l’utilisation de la géothermie dans tous les bâtiments, la généralisation des avantages du bio-mimétisme quand c’est possible ou nécessaire. Une ville telle que tous les centres urbains devront envisager de se construire dans les décennies à venir.


« Grâce aux nouveaux parcs publics et jardins privés, aux toits verts et aux façades vertes, les espaces réellement occupés seront rendus par la nature grâce à un équilibre parfait entre la quantité de zones vertes et l'empreinte des bâtiments », a déclaré l’architecte.



« Une ville faite par l'homme pour la nature et la biodiversité : la Smart Forest City absorberait 116 000 tonnes de dioxyde de carbone avec 5 800 tonnes de CO2 stockées par an ».


Boeri a ainsi fait équipe avec la société d'ingénierie allemande Transsolar pour concevoir Smart Forest City Cancun afin qu'elle soit autosuffisante en matière de production d'aliments et d'énergie. Parmi les éléments inclus pour promouvoir l'économie circulaire figurent des panneaux solaires et des terres agricoles qui seront irriguées par un système d'eau intégré.


En attendant, l’architecte croise les doigts : pour l’instant, le projet retenu est un énorme centre commercial. Sacrés humains !



INVESTIR à Tahiti n°04 – janvier 2020


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