Le maraîchage est un héritage familial que lui ont transmis ses parents. J’ai une petite exploitation, je vends mes légumes uniquement à Tubuai, explique Joseph Roomataaroa qui, grâce à ses cultures, nourrit les écoles de son île. Avant, j’exportais aussi à Tahiti, note l’agriculteur. Mais, depuis plusieurs années, il a dû ralentir ses activités pour s’investir davantage au niveau familial. L’avantage de planter moins, ou peu, c’est d’avoir de petites pertes. Par exemple, les tomates, il faut les écouler rapidement, sinon elles mûrissent trop vite et pourrissent !
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Une activité qui, même plus réduite, demeure viable : je parviens à vivre de l’agriculture. Je cultive surtout de la salade, du pota, des poivrons, des carottes, un peu de choux. Ses 2 terrains s’étendent sur presque 2 hectares, l’un en bord de mer, l’autre en montagne. Joseph n’a eu recours à aucune aide agricole ; il a tout investi par lui-même. Il possède un tracteur, un gyrodébroussailleur, et un rotavator pour préparer la terre. J’ai commencé quand j’étais tout jeune. J’aime bien ce métier. J’ai 53 ans, c’est une activité qui me maintient en forme ! Il y a un côté détendu, sans patron.
Mais c’est aussi un métier exigeant. Je suis présent tous les jours au fa’a’apu, pendant 4 à 5 heures ; le reste du temps, je le consacre à ma famille. Joseph s’occupe de son père atteint de la maladie d’Alzheimer, de sa mère malade, et de ses trois petits enfants à charge. Pilier de famille et agriculteur indépendant, sa vie est bien remplie. L’homme ne se plaint pas, c’est normal pour lui
d’assumer cela.
Joseph parle du climat anormalement sec en ce début d’année 2024. Il n’y a pas d’eau, c’est la sécheresse. Ce n’est pas le moment de planter. Alors, en février, je vais commencer les semis. Avant, les légumes poussaient très bien. Maintenant, j’ai plus besoin d’engrais pour le même résultat. Pourtant, comme la majorité des agriculteurs, Joseph pratique la mise en jachère du terrain, afin de ne pas l’épuiser, cette terre. Joseph est autonome au niveau alimentaire car, outre le fa’a’apu, il se nourrit aussi grâce à un petit élevage composé de quelques cochons et de poules. Joseph n’a pas l’habitude de parler de lui. Sa vie, c’est la terre et ce qu’elle lui offre, et qui lui permet de vivre, lui et les siens. Alors, il s’en va la retrouver. Retourner là où il est bien, là où la vie a un sens.