Avec 70 % de la consommation mondiale d’eau, l’agriculture est sans conteste le secteur d’activité le plus consommateur d’eau. La consommation mondiale d’eau pour l’agriculture a ainsi été multipliée par six entre 1900 et 1975.
En Polynésie, il n’est pas vraiment question d’irrigation des surfaces agricoles mais plutôt « d’arrosage ». Les volumes d’eau utilisés ne sont pas évalués.
Pesticides et engrais
Pollution des sols et des eaux, risques pour la santé des agriculteurs et des consommateurs, risques pour la biodiversité… les enjeux liés à l’utilisation de pesticides et engrais sont nombreux.
En effet, les de nombreux pesticides sont des perturbateurs endocriniens. Leur toxicité peut être aigüe ou chronique selon le dosage.
La Polynésie française est autonome en matière d’importation de pesticides et d’autorisations d’utilisation. Le Pays révise régulièrement la liste des pesticides autorisés à la vente, chaque année des molécules sont retirées, d’autres ajoutées…
Le SDR forme les agriculteurs à l’usage raisonné des produits, mais l’utilisation des pesticides et engrais reste importante.
Dans une étude publiée en 2012, Florent Venayre indiquait en introduction : l’agriculture de la Polynésie française affiche une utilisation intensive de pesticides qui nuit à la qualité sanitaire des produits locaux. Améliorer cette qualité impose des incitations favorables au respect de l’environnement, mais la protection agricole constitue un frein à ces incitations.
Dans son étude, l’auteur rapporte que L’Institut de la consommation procède d’ailleurs régulièrement à des campagnes de prélèvements pour détecter les résidus de pesticides dans les produits agricoles locaux et importés. En 2007 et 2008, 19 campagnes ont eu lieu, pour une étude totale de 150 produits, dont 98 locaux. Les mesures effectuées permettent la comparaison avec les normes autorisées en France, c’est-à-dire les limites maximales de résidus de pesticides. Près du tiers des produits agricoles locaux ont des traces de pesticides supérieures aux normes françaises, soit le double de la proportion pour les produits importé.
Par ailleurs, une étude plus fine des résultats montre que les dépassements par rapport aux normes sont parfois impressionnants.
Des exemples montrent des doses de fongicide (chlorothalonil) 1700 fois supérieures à la LMR pour la laitue, ou 630 fois supérieures pour les concombres. De même, pour un insecticide classé très dangereux (méthamidophos), une dose 250 fois plus élevée que la LMR dans la salade. Les produits locaux dépassant les LMR sont donc, en proportion, deux fois plus nombreux que les produits importés, mais ce ratio ne rend pas pleinement compte de l’ampleur du phénomène, puisque les dépassements observés peuvent atteindre des proportions inobservées sur les produits importés.
L’importation des pesticides et engrais n’a pas cessé.
2016 | 2017 | 2018 | |||||||
Poids en tonne | Valeur en millions de Fcfp | taxes | poids | valeur | taxes | poids | valeur | taxes | |
Engrais | 1565 | 185 | 16 | 1962 | 319 | 18 | 1669 | 177 | 16 |
Pesticides à usage agricoles | 1060 | 558 | 152 | 999 | 541 | 146 | 4694 | 1834 | 475 |
Le Pays, réalise des tests dans son laboratoire de Papara. En mai 2019, il affirmait que 67 % des fruits et légumes locaux ne présentaient aucun résidu de pesticide, 28 % affichaient des taux conformes à la réglementation polynésienne et 5 % présentaient un niveau de résidus de pesticides non-conforme, soit un taux de conformité de 95 %.
Quoi qu’il en soit, insecticides et pesticides sont présents dans les sols, les eaux terrestres et sous-marines. Lors d’un échange au Sénat (parution dans le JO du Sénat du 11 août 2011) il était question de cette présence dans le lagon : des analyses effectuées lors d'un programme de recherche universitaire (étude CNRS/CRIOBE) développé dans le cadre de l'Initiative française pour les récifs coralliens (IFRECOR) ont montré une contamination par des herbicides et par la chlordécone, dont l'usage n'aurait pourtant jamais été officiellement homologué en Polynésie française, des poissons consommés localement.
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