Papilio a été conçu pour réduire la pollution lumineuse et les émissions associées à l'éclairage public et atténuer son impact sur les humains, les animaux et l'environnement. De quoi éclairer nos rues de Papeete de façon économique et intelligente, notamment à la place des lampadaires 19e siècle de l’ère Flosse, installés sur le terre-plein du Front de mer.
Papilio est un lampadaire doté d'une éolienne intégrée qui produit sa propre énergie renouvelable et ne s'allume que lorsque cela est nécessaire.
Cette lampe qui pourrait être installée partout sur l’île est activée par le vent, une source d'énergie naturelle et renouvelable, qui alimente ses turbines. Papilio permet d’apporter une source lumineuse neutre sur le plan carbone.
"Nous devons de toute urgence nous attaquer à la pollution lumineuse et à la perte de biodiversité qui l'accompagne. Cela n'est possible que si les villes produisent elles-mêmes de l'énergie, par le biais de systèmes décentralisés et intégrés localement et de produits de consommation en grande quantité répartis sur l'ensemble des espaces urbains. Dans ce contexte, le vent représente un potentiel souvent sous-estimé et pourtant en constante augmentation", s’enthousiasme son inventeur, l’étudiant ingénieur berlinois Tobias Trübenbacher.
Chaque turbine comporte quatre pales
de rotor en tôle pliée.
Eco-design
Papilio peut être fixé aux murs ou installé comme une lanterne autoportante. La lampe
doit idéalement être placée entre trois et six mètres du sol, là où les vents au niveau du sol
sont les plus forts.
Ces vents sont exploités par une éolienne turquoise en forme de moulin à vent avec quatre pales de rotor aérodynamiques en tôle pliée. Orienté en diagonale, le rotor, dont la forme ressemble à un moulin à vent, peut apparemment utiliser les flux d'air complexes des environnements urbains, notamment les courants naturels, les souffleries créées par les grands immeubles et les flux d'air plus petits causés par le passage des véhicules.
Kit d'assemblage pour un lampadaire éolien par Tobias Trübenabacher.
" Dans des conditions de vent normales, le générateur génère en moyenne jusqu'à 12 volts d'électricité à tout moment". explique Tobias Trübenbacher
La turbine convertit ensuite l'énergie cinétique du vent en puissance mécanique, avant qu'un générateur intégré de 300 watts ne la transforme en électricité et ne la stocke dans une batterie rechargeable.
"Comme la technologie LED d'aujourd'hui est de plus en plus efficace, cette quantité d'énergie est facilement suffisante pour charger la batterie intégrée et faire fonctionner la lumière vive."
Appliquée à l'échelle d’une ville, cette lumière pourrait contribuer à éclairer nos rues sans générer d'émissions de carbone au passage. A terme, c’est 20% de la consommation électrique de Tahiti, qui est dépensée dans l’éclairage public, qui pourrait être économisée. Papilio est complètement autonome et n’a pas besoin d’être relié au réseau. Cela est cependant possible si l’on souhaite récupérer l’excédent d’énergie électrique produit.
La tête de Papilio est orientée directement vers le bas pour minimiser la pollution lumineuse.
Pour atténuer les effets de la pollution
lumineuse sur les personnes et les animaux, Papilio est équipé d'un détecteur de mouvement infrarouge qui n'allume la lumière qu'au passage d'une personne. Orientée vers le sol, elle n'émet aucune lumière vers le haut.
Sa lumière elle-même a une température de couleur extra-chaude de 2 800 Kelvin, adaptée aux insectes, dont l'attirance pour les lampadaires bleus traditionnels les rend vulnérables aux prédateurs ainsi qu'aux collisions, à la surchauffe et à la déshydratation.
"La pollution lumineuse n'a pas seulement des effets néfastes sur la santé humaine, comme les troubles du sommeil, la dépression, les maladies cardiovasculaires, le diabète et le cancer, mais elle a aussi un impact sérieux sur la flore et la faune", a expliqué M. Trübenbacher.
Une ville qui ne renie pas son confort lumineux, mais le gère avec intelligence et dans le respect de toutes les espèces vivantes. Voilà une invention prometteuse, autrement plus intelligente que de chercher un esthétisme anachronique… comme habiller de gazon synthétique le terre-plein central du front de mer de Papeete. Anachronisme et pollution contre intelligence et durabilité, Papeete comme les autres communes vont rapidement devoir choisir leur voie.
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Dossier à retrouver dans votre magazine Investir à Tahiti #8 - juin 2021