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Offrir un vin… mais lequel ?

Savoir choisir ses vins pour toutes les occasions !


© Texte : Alix Baer


Vous êtes invités chez des amis samedi soir ? Vous souhaitez surprendre votre papa à Noël ou à la fête des pères ? Vous allez à un vernissage, le départ d’un collègue, la promo du patron… Vous vous dites que oui, offrir une bouteille de vin c’est une bonne idée. Sauf qu’une fois dans le rayon du supermarché (bof) ou chez un caviste (mieux), ces rangées de bouteille vous effraient plus qu’elles ne vous séduisent. Alors suivez le guide.







Pour simplifier votre choix, ne passons pas par 4 chemins. Vous aurez deux premières exigences à honorer :

  1. Ne pas chercher à acheter un vin qui dépasse votre budget, offrir un cadeau n’est pas un sacrifice. Même si vous cherchez à faire vraiment plaisir, il y a des vins de qualité à presque tous les prix.

  2. Faire plaisir à celui à qui vous allez offrir le vin. C’est sans doute le plus complexe, car en fonction du profil de la personne concernée à qui vous souhaitez faire plaisir, le vin à choisir ne sera pas le même.






Quand on n’y comprend pas grand-chose aux appellations, aux cépages, aux vinifications, aux vins nature, soufré, en fûts ou en cuve, au botrytis ou à l’ouillage, alors il faut s’adresser à un connaisseur. Dans les grandes surfaces, ne cherchez pas d’aide pour choisir. Hormis une ou deux rares foires au vin, dans les plus grandes surfaces, où un sommelier conseil pourrait vous apporter quelques lumières, vous n’aurez devant vous que des milliers de références anonymes si vous n’y connaissez rien.


Le meilleur choix reste donc le caviste, devant le « copain qui s’y connaît » mais qui ne maîtrise pas le choix des références.

Côté caves donc, notre ordre de préférence est le suivant :

  • Millésime, pour ses 4 espaces conseils, de Arue à Taravao en passant par Papeete et Punaauia, et la qualité des domaines et châteaux représentés. De 2200 F environ à plusieurs dizaines de milliers de francs, vous trouvez là tout ce qui vous plaît.

  • Comptoir Commercial Cécile. C’est sans doute le moins connu des particuliers, car son espace de vente, intime, est l’un des plus récents et des moins promus. Mais leur listing est sans doute le plus fin du Territoire et les conseils sont avisés.

  • Pavillon des Vins. Les références sont là aussi bien choisies par ce caviste de Fare Ute qui est l’un des plus anciens du fenua.

  • Terre de Vignes, en face de mairie de Papeete, est sans doute le lieu préféré des Tahitiens où l’on aime chercher un cadeau, en raison de l’aspect « caverne d’Ali Baba ». C’est aussi l’endroit parfait pour s’enquérir d’un conseil précis.

  • Kimfa : chez le revendeur Heineken, vous ne le savez peut-être pas, mais l’une des plus vieilles caves du fenua abrite des milliers de bouteilles, souvent des bordeaux, sélectionnés en primeur et vieillis ici. A cela s’ajoutent des références de multiples appellations. Vous y trouverez sans aucun doute votre bonheur, même si les conseils ne sont pas, à notre goût, les plus précis de Papeete.

  • Outre ces caves réputées, vous trouverez les dernires nés, dont Bottleshop, qui offre une sélection hétéroclite mais pas inintéressante, La Cave de Tahiti, sans doute la plus luxueuse de l’iîle, ou encore Wine XS, articulée autour des vins bios.

Une fois que vous aurez choisi votre espace conseil, il convient de définir votre besoin, avec le budget que vous souhaitez allouer à ce cadeau, et le profil de celui à qui vous le remettrez. C’est là que cela devient intéressant.


  • Si vous lui avez demandé s’il aimait le vin et lesquels en particulier (et que vous avez eu la bonne idée de noter ses propos, car sur le coup, vous n’avez rien compris quand il a parlé de puissance, d’arômes dominants et de tannins), le caviste pourra vous proposer des choix correspondants aisément.

  • S’il vous a confié qu’il aimait tous les vins, surtout ceux avec une étiquette rouge ou dorée… alors votre interlocuteur n’y connaît rien et si vous ne vous reteniez pas, vous lui offririez un tétrapak de Zumuva. Dans ce cas, prenez-lui un bordeaux générique, vous ne savez même pas s’il ne le mettra pas à chauffer dans une casserole avec de la canelle et des zestes d’orange.

  • Si vous n’avez pas échangé avec l’heureux fêté et que vous ne le connaissez pas, jugez en fonction de son métier, de ses goûts, de son apparence : ces indices sont précieux.



Si la personne occupe un poste important, avec un salaire conséquent, réfugiez-vous dans une référence connue. A partir de 4 à 5000 F, vous en trouverez. Ce n’est peut-être pas un « buveur d’étiquette » comme sont qualifiés les gens aisés qui ne connaissent rien au vin, sinon aux références qu’il faut avoir bues au moins une fois, mais il saura que vous avez choisi votre cadeau avec soin, car il en connaît la qualité.


Si son look ressemble à celui d’un hipster, s’il ne jure que par les nouvelles mobilités urbaines, que ses vêtements sont vintage (autrement dit d’occasion, car la surconsommation textile le hérisse), optez pour un vin bio (sans intrants chimiques) ou un vin nature (sans soufre), il vous en serez reconnaissant.



Si l’amie ou la collègue à qui vous offrez ce vin est vegan, alors choisissez un vin correspondant à ses choix, sans collage. Cela consiste à éliminer les particules et les résidus de levure restés en suspension dans le vin. On appelle aussi cette opération la clarification. Or, elle est réalisée avec des ingrédients d’origine animale : blanc d’oeuf, colle de poisson, ou encore caséine, une particule que l’on retrouve dans le lait. Un domaine privilégiant le bio pourrait utiliser un cheval de trait dans sa vigne. Un vin vegan aura soin de n’avoir jamais utilisé un quelconque animal. Il ne s’agit pas de juger les goûts de votre interlocuteur, mais de lui faire plaisir. C’est bien à cela que sert un cadeau, non ?


Artistes, snobinards bling bling, curieux ou érudits, originaux, classiques, les vins ont cet indéniable avantage de savoir s’adapter à tous les profils que vous rencontrerez. Vous ne pourrez pas vous tromper… Même si la personne qui reçoit votre cadeau ne consomme pas d’alcool : il existe des vins sans !


 


Ces vins qui plaisent à tous les coups

Blanc, rosé, orange ou rouge ?

Votre invité(e) aime par-dessus tout les entrées, salades, poissons et crustacés ? Alors le vin blanc est fait pour elle ou lui. Cela fonctionne aussi sur les fromages et certaines charcuteries (bien mieux que le rouge, mais chut, certains ne veulent pas l’entendre)

Piscine, lagon, musique et copains pour faire la fête un dimanche midi ? Sans hésiter un joli rosé, festif ou bien vinifié pour honorer vos grillades de viande blanche, de poisson épicé ou de légumes assaisonnés


Un vin orange, ai-je dit ?

Le vin orange est tout simplement un vin blanc vinifié comme du vin rouge avec macération ! Concrètement, l'opération consiste à faire fermenter le raisin blanc avec sa parties solide, à savoir la peau et parfois même la rafle. La couleur orange provient donc de la macération de la peau.

Le roi des vins, le vin des rois ? Le rouge bien sûr. Qui saurait s’en passer. Ancien ou nouveau monde, léger ou tannique, croquant de fraîcheur ou avec une belle mâche doublée d’une finale infinie, les rouges, qui concentrent le plus de variétés de cépages et donc autant de goûts différents.


Secs ou sucrés ?

A vous de voir et si c’est pour offrir, si un vin dit sucré (on l’appelle moelleux) peut plaire. Un beau jurançon ou un sauternes font toujours plaisir, même si on n’en boit pas tous les jours. Vendanges tardives ou sélections de grains nobles d’Alsace, moins connus, raviront les amateurs, notamment au moment des fêtes (avec un foie gras à Noël ou un vieux roquefort, on peut toucher des sommets).

 

Agriculture conventionnelle, raisonnée, bio, biodynamique ?

La manière dont les sols et les vignes sont travaillés, entretenus et soignés, est importante, fondamentale même, dans la mesure où le vin que vous dégusterez sera le fruit de cette approche culturale.

Fuyez la viticulture traditionnelle ou conventionnelle qui abreuve sols et vignes d’intrants chimiques (pesticides, herbicides, fongicides, insecticides…) qui se retrouvent dans votre verre et dans votre sang. Voilà plus de 30 ans maintenant que les plus grands domaines ont su prouver qu’on n’a pas besoin de ces produits.

Evitez si vous le pouvez les vins issus d’une viticulture raisonnée : ce terme marketing signifie qu’elles sont traitées par les mêmes produits, mais un peu moins.

Choisissez des vins bios ou biodynamiques (qui apporte une démarche qualitative plus poussée), certifiés AB ou Ecocert. Fuyez tous les autres pseudo-labels bios qui ne sont que des pastilles marketing ne prouvant rien.


Médaille ou pas ?

Vous devez vous en méfier avant tout, si ce ne sont les médailles de la foire de Paris et celle de Mâcon (en Bourgogne). La plupart des médailles sont décernées dans un cafouillage d’ententes et de collusions entre les vignerons et les jurys, ou bien sont décernées à tout-va. Inutile en tout cas de faire reposer votre choix sur une belle pastille dorée vide de sens et d’objectivité.



Vin d’assemblage ou mono-cépage ?

Deux philosophies, encadrées depuis le XIXe siècle pour les plus anciennes d’entre elles, peuvent guider la réalisation d’un vin : ne travailler qu’un seul cépage par cuvée (l’un des plus célèbres pour cela est le pinot noir en Bourgogne) ou, pour des raisons de terroirs, d’histoire et de goût, marier plusieurs cépages, comme le fait si bien la région bordelaise, avec les merlot, cabernet sauvignon, cabernet franc, petit verdot… Nous ne saurions vous dire, sans chauvinisme ni préférence subjective, ce qui est le meilleur. C’est différent et en fonction du moment de consommation, chaque cuvée aura son mot à dire.

 

Choississez des vins bios ou biodynamiques certifiés AB ou Ecocert

Vins d’Europe ou nouveau monde ?

Espagne, Italie, Allemagne, Suisse, Roumanie ou, bien sûr, France d’un côté ; Etats-Unis, Nouvelle-Zélande, Australie, Chili, Argentine de l’autre : lesquels choisir ?

Ce sont deux approches là-aussi différentes, notamment en termes de vinification et d’élevage. Résumés grossièrement, nous dirons que la majorité (il y a toujours de fines exceptions) des vins du Nouveau Monde sont plus opulents, plus flatteurs en bouche, plus marqués par les arômes de bois et plus sucrés. Ceux d’Europe iront sur plus de minéralité, de fraîcheur et de finesse (avec, toujours, des exceptions). N’hésitez pas à comparer les deux mondes avec les mêmes cépages ou assemblages : Californie versus Bordelais, Cahors contre Malbec d’Argentine, syrah de la vallée du Rhône nord contre shiraz australien, ou encore pinots noirs de Nouvelle-Zélande contre ceux de Bourgogne.



Et les bulles dans tout cela ?

Vous avez raison : quand on a un cadeau à faire, rien ne vaut une bouteille d’un vin effervescent. Mais alors, que choisir : champagne ? Crémant ? Cava ? Prosecco ? Par une bizarrerie douanière du Pays qui condamne à l’importation, par des taxes exorbitantes, tous les vins effervescents du monde sinon les champagnes, alors même que leurs volumes se réduisent comme corail au soleil, vous n’aurez pas le choix au fenua : ce sera champagne ou rien (car les cava espagnols ou les prosecco italiens, dont le prix de départ Europe est d’environ 1,5 à 3 euros, se retrouvent en Polynésie à plus de 40 euros, ce qui n’est pas justifié).


Comment choisir votre champagne ?

Vous avez là-aussi le choix entre un mono-cépage : 100% chardonnay (aussi appelé Blanc de blanc car la peau comme le jus du raisin sont blancs), ou pinot noir, voire plus rarement pinot meunier, ou bien un assemblage de 2 voire de ces 3 cépages, les plus couramment utilisés en champagne : on parlera dans tous ces cas-là de blancs de noirs, car si les jus de ces raisins sont blancs, leur peau est noire. Un blanc de blanc sera plus aérien, plus minéral, avec des arômes de fruits blancs. Un blanc de noir apportera une touche plus terroir, avec des fruits rouges.

Vous aurez enfin trois variantes de choix :

  • le champagne millésimé, quand la récolte est si belle que le vigneron décide de signaler l’année concernée. Cela apporte un surcoût au vin

  • le champagne rosé : avec un assemblage des trois cépages, on adjoint, en fonction de la couleur souhaitée, entre 5 et 15% de vin de la région (pinot noir et ou pinot meunier) vinifié en rouge

  • le champagne de producteur-récoltant ou de négociant. Le champagne d’une « petite » maison sera celui d’un producteur, qui suit sa vigne, récolte son raisin et l’élève pour créer son champagne, avec une identité propre. Le champagne de négoce, principalement celui de célèbres grandes maisons, fera reposer sa signature sur un savoir-faire, moins sur les vignes, dont la plupart sont gérées par de multiples vignerons.


Y a-t-il des vins originaux ?

Si c’est ce que vous cherchez, pour des amateurs éclairés notamment, et comme il existe des rhums en Thaïlande, du whisky à Taiwan et du vin de tomate au Canada, les vins ne manquent pas de surprise. Vous pourrez ainsi choisir des vins dits « francs de pied », issus de cépages qui n’ont pas été greffés sur des porte-greffes américains (98%) lors de la grande renaissance des vignobles mondiaux fin XIXe siècle ; des vins élevés sous la mer ou en amphore, en lieu et place du traditionnel fût en chêne ; mais aussi de très vieux vins. On oublie parfois que cet alcool vit, grâce aux levures qui sont en bouteille, et qu’il évolue, contrairement à une vodka, un cognac ou un whisky qui, une fois en bouteille, reste tel qu’il est, même 30 ans après. Acheter un millésime anniversaire, quand vous avez connaissance d’une date importante, est un plaisir garanti.


Mais au fenua, vous ne savez dans doute, les vins les plus originaux sont locaux : vins de Tahiti, mis en bouteille après un élevage sur l’atoll de Rangiroa ; ou les « vins » d’ananas de Moorea, produits à l’usine de jus de fruits Rotui.


Excellent dégustation.

 






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