Le rugby, à Tahiti, existe depuis au moins 1965. Il s’est structuré petit à petit, empruntant des voies parfois sans issue. Après des années de mainmise de la fédération tahitienne de rugby, c’est maintenant la fédération polynésienne de rugby qui a pris les rênes.
La Fédération tahitienne de rugby (FTR) a été reconnue par la Fédération amateur de rugby amateur (FIRA) en 1993, remplaçant le comité régional. Différents présidents se sont succédé à la tête de cette fédération. Récemment Charles Tauziet, a été en 2003 puis réélu en 2007, 2011. Des projets ont été mis en place.
Depuis 2006, la fédération tahitienne bénéficiait des formations de la World Rugby (fédération internationale, ex IRB). De nombreux coachs tahitiens ont pu en profiter. Depuis 2014, World Rugby a validé deux formateurs Tahitien pour intervenir directement sur le fenua, Teiki Dubois (pour les entraineurs) et Teiva Teihotua (pour les arbitres). Ils sont habilités à délivrer des diplômes World Rugby.
Autour des années 2006, la FTR a également signé une convention avec le club d’Agen. Grâce à elle, une première génération de jeunes polynésiens ont pu tenter l’aventure métropolitaine, dans le sillage de Tunui Anania ou Martin Taeae tandis les clubs s’organisaient et se structuraient, permettant ainsi l’éclosion d’une nouvelle génération de joueurs talentueux : Teiva Jacquelain, François Tardieu, Makalea Foliaki... Mais la gestion de la FTR est apparue de plus en plus douteuse. Les clubs ont fait remonter leur mécontentement jusqu’au clash.
En 2015, le processus démocratique de l’élection a été contesté par une grande partie des clubs. Rien n’a bougé. C’est pourquoi, une fédération polynésienne de rugby a été créée par les déçus de la FTR. Elle est présidée par Apolosi Foliaki. En août 2016, elle a reçu la délégation de service public du pays, prenant en charge du développement du rugby à Tahiti. Elle est par ailleurs affiliée au comité olympique de la Polynésie française depuis le 10 novembre 2018.
Rapprochement imminent avec la FFR
Le travail de développement a pris une nouvelle tournure avec l’emploi d’un cadre technique métropolitain, Gilles Lafitte, en août 2018. Cela confirme la volonté de la FPR de développer la pratique, de renforcer la formation fédérale et la mise en place de diplômes, de poursuivre une politique de haut niveau pour les jeunes et d’entretenir une bonne relation avec la fédération française de rugby. En gestation depuis presque 2 ans, une convention avec la Fédération Française de Rugby devrait voir le jour sous peu. Quant à la FTR, sa mise en liquidation a été prononcée en juin. Ce qui pourrait accélérer une reconnaissance internationale. En effet, la FPR n’est toujours pas reconnue par World Rugby, puisque la FTR y était affiliée. Les essais de la FPR pourraient bientôt être transformés.
Une histoire du rugby en Polynésie
La première école de rugby a vu le jour en 1967. Quatre ans plus tard, une sélection s’envolait déjà pour les Jeux du Pacifique, obtenant d’honorables résultats. La pratique a peu à peu pris de l’ampleur en Polynésie, mais, c’est un regret, moins que chez nos voisins du Pacifique.
Patrick Pons dans son : « Histoire du sport à Tahiti »
considère une petite annonce parue dans la presse du 3 juillet 1965 comme l’acte de naissance officiel du rugby tahitien civil en Polynésie. Cette coupure convoquait
« tous les amateurs de rugby à la buvette du stade de Fautaua en vue de la réunion pour la composition d’une équipe de rugby sous les couleurs du Racing ».
Cette équipe était amenée à disputer des matches contre les bateaux militaires, le Génie et les équipes du C.E.P.
Avant, des rencontres épisodiques avaient eu lieu dès la première guerre mondiale entre les différents équipages des bateaux militaires de passage à Papeete. Entre les deux guerres, la pratique du rugby fut présentée aux plus jeunes. Alain Gerbault en 1936, initia notamment ceux de Bora Bora. Il insista malgré les difficultés considérant que c’était « un jeu pour lequel les Polynésiens étaient beaucoup plus doués ».
En 1967, la première école de rugby de Tahiti voyait le jour.
Des rencontres ont été organisées, des championnats. Rapidement, la Polynésie a regardé au-delà de ses frontières. Elle a visé les Jeux du Pacifique de 1971.
Le rugby figurait parmi les différentes disciplines inscrites au programme. La toute jeune sélection tahitienne décida d’y faire ses armes. « La perspective de cette première grande confrontation amena les responsables à solliciter la venue d’un conseiller technique. Claude Joubert arriva environ deux mois avant les Jeux pour prendre en main la préparation de la sélection », écrit Patrick Pons dans son ouvrage.
Dans le cadre de la préparation, une tournée fut mise sur pied en Nouvelle-Calédonie où deux matchs furent disputés (et perdus de justesse) par la sélection. En rentrant, les Tahitiens s’arrêtèrent à Nandi aux Fidji pour faire connaissance avec le rugby de cette île. Le résultat, par pudeur, est passé sous silence. Les joueurs du fenua, lors du match, découvrirent pour la première fois des… crapauds. Les batraciens vivaient sur le terrain gorgé d’eau. Certains joueurs étaient même à genou pur les observer…
Lors des jeux, la Polynésie rencontra les équipes de Wallis et Futuna, Western Samoa, Cook et retrouva celle de Nouvelle-Calédonie. Elle revint avec la médaille de bronze. Surtout, elle s’initia aux subtilités des règles du rugby.
L’histoire du rugby en Polynésie est marquée par d’autres grandes dates. L’année 1977 fut celle d’une grande tournée d’une sélection de Tahiti en France pour permettre aux joueurs de se situer sur l’échelle des valeurs et progresser au contact de joueurs plus expérimentés. En 1981, en juillet, l’équipe de France, de retour d’une tournée chez en Nouvelle-Zélande, fait escale à Tahiti. Au stade Pater, les Français battent les Tahitiens 100 à 18.
Les joueurs iront ensuite aux jeux d’Apia (1983), aux mini-jeux du Pacifique (1985), aux Jeux du Pacifique en Nouvelle-Calédonie (1987)… Différents clubs verront le jour, des noms s’inscrire pour toujours dans les mémoires.
L’histoire récente de la discipline commença avec la création
de la fédération tahitienne de rugby.
Petit parmi les grands
All Blacks, Wallabies, Manu Samoa, Flying Fijians, Ikale Tahi… Les noms des équipes du Pacifique résonnent à l’international. La renommée de leurs joueurs dépasse les frontières des îles du grand océan.
Pourquoi la Polynésie française ne se distingue-t-elle pas comme ses illustres voisins ?
« Parce qu’on ne pratique pas le rugby à l’école », répond Gilles Lafitte, conseiller technique à la fédération polynésienne de rugby.
Pour Édouard Malakai, ancien joueur et entraîneur dans les îles,
« c’est peut-être aussi parce qu’on n’a jamais été dans le besoin. On est trop dorlotés chez nous, trop assistés et on perd notre agressivité et notre détermination. »
Ce qui est regrettable.
« Car le rugby participe au développement personnel des femmes et des homes, à leur épanouissement »,
affirment Gilles Lafitte et Teiki Dubois. Il peut aussi participer au développement financier individuellement et collectivement.
« À Tonga, c’est la 2e ressource derrière le tourisme », affirme le conseiller technique. « Les grands sportifs de ce territoire évoluent à l’étranger et envoient l’argent chez eux. »
La Polynésie cherche ses grands joueurs. Ils sont en coulisse mais devraient bientôt monter sur scène. Pour preuve, fin mai 2019, World Rugby (sollicité par la fédération française de rugby) a confirmé la possibilité pour Teiva Jacquelain de jouer en équipe de France à 7.
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Vous avez dit RUGBY ?
Le rugby est né sur un malentendu, une infraction aux règles du football. Et voici la quelle : William Webb Ellis, 18 ans, britannique, étudiait au collège de Rugby dans une petite ville du centre-ouest de l’Angleterre. Un jour de 1833, il ramassa le ballon de football et le déposa dans le but à la main. L’officialisation du sport eu lieu en 1848 lorsque la Football association et la Football rugby league divorcèrent. La fédération britannique naquit en 1871. Suivirent : les fédérations d’Écosse (1873), d’Australie (1875), de Nouvelle-Zélande (1879), du Pays de Galles (1880) et d’Afrique du Sud (1889). Toutes sont devenues de fameuses nations de l’ovalie contemporaine.