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Exploitation minières et terres rares, des enjeux planétaires

Pendant près de 60 ans, de 1907 à 1966, l'atoll de Makatea, situé dans les Tuamotu, a été exploité pour son phosphate.

Des sociétés australiennes, japonaises et européennes y étaient installées pour extraire, à la force des bras, le précieux minerai. 11,3 millions de tonnes de phosphate ont ainsi été extraits. Chatham Rock Phosphate aurait conclu un pré-accord pour le rachat (pour plus de 110 millions de Fcfp) de la société Avenir Makatea, fondée par l’Australien Colin Randall, qui veut exploiter le phosphate résiduel de l’atoll de Makatea.



Tristes vestiges non entretenus de l'épopée minière de Makatea, dans le nord ouest des Tuamotu.


Après l’adoption par la Polynésie du nouveau code des mines en 2019 et des mesures fiscales pour les industries extractives en 2020, Avenir Makatea espère obtenir une concession minière de 50 ans en décembre 2021.

Il faut savoir que la transition écologique et énergétique, est très dépendante des terres rares. En effet : toute l’énergie verte (éoliennes, panneaux solaires photovoltaïques, etc), les batteries de voitures et autres engins électriques, la technologie informationnelle (la 5G par exemple qui est l’architecture des smart cities, des voitures autonomes, des télécoms, smartphones, ordinateurs), les satellites essentiels aux communications mais aussi aux systèmes de navigation et à la Défense ont besoin de terres rares ! Aujourd’hui, les terres rares viennent de Chine, pour la plupart.


La France (et ce n’est pas le cas de tous les pays) « possède » des terres rares dans ses eaux. Elle a la 2e plus grande ZEE au monde après les États-Unis. Les terres rares se trouvent sur le fond de l’Océan Pacifique, non loin de la Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna et la Polynésie française.


La connaissance du patrimoine minéral marin profond de la Polynésie française est bien sûr un préalable à toute décision d’exploitation. Notre connaissance du patrimoine minéral sous-marin de la Polynésie française est très limitée, tant en termes de couverture globale de la ZEE que de qualité de l’information disponible. Des informations récoltées lors des campagnes Nodules et Nodco dans les années 1970-1980 avaient révélé des indices favorables de l’existence en Polynésie française d’un potentiel minéral intéressant. En 2016, après une mission d’états des lieux des fonds sous-marins polynésiens, un collège de dix experts, coordonné par l’anthropologue de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) Pierre-Yves Le Meur concluait que la ZEE de la Polynésie recelait un « potentiel de classe mondiale des encroûtements polymétalliques riches en cobalt ». Les encroûtements, entre 800 et 4 000 mètres de profondeur, consistent en un dépôt de 10 à 25 cm contenant du cuivre ou du nickel et une teneur élevée de cobalt d’environ 1%. Toutefois, à l’heure actuelle, il est impossible de dire avec certitude si des métaux d’intérêt peuvent être extraits de manière acceptable, tant du point de vue économique qu’environnemental.


La Polynésie française a demandé à la société française Abyssa d’élaborer une stratégie d’exploration des ressources minières potentielles et plus particulièrement des encroûtements cobaltifères. Abyssa (filiale de Créocéan) est spécialisée dans la réalisation d’études et d’explorations des fonds marins par mise en œuvre d’engins sous-marins munis de capteurs multifonctions.

Il faut savoir que les grands fonds de Polynésie française sont riches en métaux mais hébergent aussi une faune originale. Pas moins de 471 espèces ont été recensées dont 169 étaient observées pour la première fois. Après trois campagnes océanographiques dédiées à l’exploration de la faune profonde en Polynésie Françaises et menées par des équipes du Muséum national d’Histoire naturelle et de l’ Institut de recherche pour le développement (IRD) entre 1998 et 2009, la revue Scientifc Reports a publié les résultats de ces campagnes en mai 2019. Les chercheurs mettent en garde contre l’impact que pourraient avoir le changement climatique ou l’exploitation minière.


Par ailleurs, un programme baptisé Extraplac (Programme français d’extension du plateau continental), est chargé d’instruire juridiquement les dossiers de demande d’extension du plateau continental, ce qui permettrait sans doute l’acquisition d’une plus grande ressource potentielle, notamment en terres rares.





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