Sur la voie du « bien manger »
Texte : Delphine Barrais - Dossier réalisé avec Hélène Thual, diététicienne-nutritionniste
L’alimentation est la base de tout, la santé, la forme, l’humeur. Quel que soit l’âge d’un individu, le contenu de son assiette a un impact considérable à court, moyen et long terme. Ce contenu évolue au cours de la vie, en fonction des besoins, mais aussi des rencontres, de l’entourage, des conditions de vie, mais aussi et surtout des habitudes prises dès le plus jeune âge.
Dans ce dossier il est question de l’alimentation de l’enfant et de l’adolescent. Les besoin du nourrisson, avant la diversification alimentaire ne sont pas abordés.
L’alimentation est un besoin. Elle participe à la croissance des enfants et adolescents, à leur développement physique, psychologique, neurocomportemental, à ses relations sociales, elle a un impact sur son humeur. Les règles de base du « bien manger » diffèrent peu d’un âge à l’autre. L’assiette de l’enfant et de l’adolescent seront de quantité variable et non de qualité variable. Cette quantité, elle, est fonction de l’âge et de l’activité physique.
Répondre à des besoins
La qualité d’une assiette repose sur la notion d’équilibre. Une alimentation équilibrée c’est une alimentation suffisamment diversifiée pour couvrir les besoins en nutriments. Les macronutriments sont les protéines, les glucides, les lipides. Les micronutriments sont les minéraux, les vitamines, les oligoéléments. Concrètement, cela revient à rythmer son alimentation sur 3 à 4 repas (petit déjeuner, déjeuner, goûter dîner), à consommer des fruits, légumes et des féculents chaque jour, idéalement à chaque repas, à boire de l’eau entre les repas et pendant les repas, et à associer ce comportement alimentaire à un mode de vie actif.
Un enfant actif, bien dans sa peau, qui joue, fait du sport, saura de lui-même réguler son appétit. Il aura un bon rapport avec son alimentation. À la famille ensuite de présenter l’offre qui convient. À ce propos, il est bien question de famille au sens large et pas seulement de papa et maman. En effet, la responsabilité revient, pour les plus jeunes, aux parents mais aussi aux grands-parents, aux tontons et taties. En somme à tous ceux qui se retrouvent régulièrement à table autour des plus petits. En effet, l’enfant observe autant (peut-être plus ?) qu’il écoute.
Réduire au lieu d’interdire
Aucune catégorie d’aliment n’est à bannir. Aujourd’hui, il reste difficile d’empêcher un enfant ou un adolescent de consommer tel ou tel produit. Il finira par le rencontrer tôt ou tard autour d’une table. L’idée donc est de lui apprendre à aimer les catégories d’aliments les plus bénéfiques, de lui expliquer pourquoi ils sont bénéfiques et pourquoi d’autres produits sont au contraire néfastes.
Il est primordial de raisonner en termes d’équilibre sur une journée ou une semaine. De rappeler que les produits délétères sont à limiter. Ils peuvent être consommés mais de façon occasionnelle et en petite quantité.
Les produits pour lesquels il faut être vigilent sont les boissons sucrées comme les sodas, les produits sucrés (voir encadré), les produits ultra-transformés qui renferment généralement des teneurs en sucre, en gras en sel et additifs élevés. Pour y voir plus clair à ce niveau, il y a une dizaine d’années une classification internationale des produits alimentaires a été établie selon leur degré de transformation (classification NOVA). Reconnue par l’OMS, très régulièrement utilisée par des experts scientifiques qui ont démontré une corrélation entre le degré de transformation d’un produit alimentaire et l’apparition de maladies chroniques comme l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires (voir encadré).
Et le plaisir dans tout ça ?
Les injonctions sont légion. Elles atteignent directement ou indirectement les enfants sur leur parcours. Les apprentissages alimentaires, dans ce contexte, sont autant de remparts au stress. Intégrés en douceur au fil du temps, ils garantissent une certaine tranquillité, donnent toute leur place au plaisir et au bien-être. Car s’alimenter, ce n’est pas compter le nombre de calories dans son assiette, évaluer en permanence la qualité des protéines à ingérer, c’est prendre soin de son corps, satisfaire ses sens, apaiser son esprit.
L’alimentation est intimement liée au plaisir et au bien-être. Elle doit le rester, en toute insouciance.
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Sachez que :
Le groupe 1 correspond aux Aliments non transformés ou minimalement transformés
Ce sont des parties comestibles de végétaux (graines, fruits, feuilles, racines) ou d'animaux (muscles, abats, œufs, lait), ainsi que des champignons, des algues et de l'eau après séparation de la nature.
Les aliments transformés minimalement sont des aliments naturels altérés par des processus qui comprennent l'élimination des parties non comestibles ou non désirées, et le séchage, écrasement, broyage, fractionnement, la filtration, le rôtissage, l'ébullition…
Le groupe 2 correspond aux ingrédients culinaires transformés Ce sont les huiles, le beurre, le sucre et le sel. Ils sont dérivés des aliments du groupe 1 ou de la nature par des procédés qui comprennent le pressage, le raffinage, le broyage, la meunerie et le séchage. Le but de ces procédés est de fabriquer des produits durables pouvant être utilisés dans les cuisines des maisons et des restaurants pour préparer, assaisonner et cuire les aliments du groupe 1.
Le groupe 3 correspond aux aliments transformés Ce sont par exemple les légumes en boîte, les conserves de poisson, les fruits au sirop, les fromages et les pains frais. Ils sont essentiellement transformés par ajout de sel, d’huile, de sucre, d’aromates… Les procédés comprennent diverses méthodes de conservation ou de cuisson et, dans le cas du pain et du fromage, la fermentation non alcoolique. La plupart des aliments transformés contiennent deux ou trois ingrédients, et sont des versions modifiées des aliments du groupe 1.
Le groupe 4 correspond aux aliments ultra-transformés Ce sont les boissons gazeuses, les collations sucrées ou salées emballées, les produits à base de viande reconstituée et les plats préparés surgelés. Ce ne sont pas des aliments modifiés, mais des formulations faites, principalement ou entièrement, de substances dérivées d'aliments et d'additifs, avec peu, voire aucun aliment du groupe 1 intact.
Les ingrédients de ces formulations comprennent habituellement ceux également utilisés dans les aliments transformés, tels que les sucres, les huiles, les graisses ou le sel. Mais les produits ultra-transformés comprennent également d'autres sources d'énergie et de nutriments qui ne sont normalement pas utilisés dans les préparations culinaires. Certains d'entre eux sont directement extraits des aliments, c'est le cas de la caséine, du lactose, du lactosérum et du gluten.
Il y a aussi des additifs (conservateurs, colorants, auxiliaires de traitements, antioxydants, stabilisants) pour imiter ou améliorer les qualités organoleptiques des aliments ou pour dissimuler des aspects désagréables du produit final. Une multitude de séquences de processus est utilisée pour combiner les ingrédients habituellement nombreux et pour créer le produit final (donc «ultra-transformé»).
Le microbiote, un écosystème à protéger Notre tube digestif abrite entre 1012 à 1014 micro-organismes, soit 2 à 10 fois que le nombre de cellules qui constituent notre corps. Cela représente 2 kilogrammes. Ces micro-organismes (qui sont des bactéries, virus, parasites et champignons) constituent notre flore intestinale ou microbiote intestinal. Ils sont non pathogènes. C’est-à-dire qu’ils n’entraînent pas de maladies, au contrainte ! Ils nous protègent. Ils ont un rôle dans la digestion bien sûr, mais aussi dans l’immunité. L’immunité étant la capacité de l’organisme à se défendre contre des substances étrangères, des agents infectieux. Des liens ont aussi été établis récemment entre le microbiote et le système neurologique.
De ce fait, plus notre microbiote est en bonne santé, plus il est varié et vivant, plus nous somme en forme. En conséquence, la dysbiose, c'est-à-dire l'altération qualitative et fonctionnelle de la flore intestinale (microbiote), est une piste sérieuse pour comprendre l'origine de certaines maladies.
Le professeur Benoît Chassaing de l’Institut des sciences biomédicales d’Atlanta aux États-Unis travaille sur le microbiote. Avec son équipe il essaie de comprendre quel est le rôle des facteurs génétiques et environnementaux sur le microbiote. De passage en Polynésie en 2019, il a livré certaines de ses conclusions. "Le microbiote a un rôle très important, et il est notamment en lien étroit avec le système immunitaire de l’organisme. Son déséquilibre pourrait être responsable de l’apparition d’allergies, de maladies auto-immunes, et il pourrait aussi avoir un rapport avec l’obésité, le diabète de type II. "
Il dit aussi que l’alimentation est le facteur d’influence numéro 1, elle a un rôle positif ou négatif.
"Une alimentation trop grasse, trop riche en additifs, agents émulsifiants, édulcorants ont des conséquences délétères. L’activité physique a un rôle positif. Il semble que les antibiotiques, la pollution aient un rôle néfaste également."
Sommeil et obésité : un lien étroit établi Une étude1 d’études confirme le lien entre le sommeil et l’obésité. Des chercheurs de l’université de Warwick ont montré que les nourrissons, enfants et adolescents qui dorment régulièrement moins que d’autres nourrissons, enfants et adolescents du même âge ont plus de masse grasse en vieillissant. Ils sont plus susceptibles au surpoids et à l’obésité. Or, surpoids et obésité entraînent maladies cardiovasculaires et diabète de type 2. Le manque de sommeil perturberait le cycle de faim et de satiété, la régulation hormonale. Manquer de sommeil, entraîne un manque d’énergie qui va être compensé en journée par la prise d’aliments très énergétiques. 1 “Sleep duration and incidence of obesity in infants, children, and adolescents: a systematic review and meta-analysis of prospective studies”, par Michelle A Miller & Al. parue dans Sleep date d’avril 2018.
Sanctions et récompenses, aux origines des troubles La nourriture, quelle qu’elle soit (salée ou sucrée) n’est pas un outil de sanction et de récompense. Priver un enfant de dessert parce qu’il n’a pas été sage met en place un rapport inadapté entre l’individu et ses besoins alimentaires. D’autant que les leviers, dans ce contexte, sont souvent sucrés et/ou gras. Quel parent priverait son enfant d’épinards s’il n’a pas fait ses devoirs ?
Sur le long terme le sucré devient doux, apaisant, réconfortant. Alors qu’il doit rester une juste nécessité.
Par ailleurs, récompenser un enfant avec un aliment qu’il aime, c’est prendre le risque de l’encourager à manger alors qu’il n’a pas faim. Ce qui perturbe son fonctionnement et son rapport aux aliments.
Cette pratique envoie également le message que certains aliments ont plus de valeurs que d’autres, alors que l’alimentation devrait répondre plus à des besoins et moins à des émotions au risque de devenir un gros mangeur émotionnel.
Ados, risques et dérives Un adolescent exprime ses choix et sa personnalité. Son alimentation n’échappe pas à ses revendications. Il est exposé à des comportements alimentaires à risques. Aussi faut-il rester vigilant. La monodiète hyperprotéinée. Elle concerne principalement les jeunes hommes soucieux de leur physique et de leurs performances. Ils pratiquent le sport en salle ou en extérieur mais ont un objectif sportif précis et veulent renforcer rapidement leur masse musculaire. La monodiète hyperprotéinée a des résultats visibles immédiats sur la morphologie. Mais elle a aussi des résultats invisibles sur l’organisme à long terme. Par exemple, une prise de poids importante à l’arrêt de la diète, des pathologies rénales, hépatiques, des tendinites, des désordres électrolytiques, des carences nutritionnelles graves. Cette diète étant couteuse, il est intéressant de s’interroger sur l’origine de l’argent dépensée. Puis de mettre en place un accompagnement adapté à l’objectif sportif avec un diététicien.
La boulimie est un trouble du comportement alimentaire.
Elle touche en particulier les filles mais peut concerner aussi les garçons. Touchée par une crise de boulimie, une adolescente consomme une quantité excessive d’aliments dans un temps limité avec la sensation de ne pas pouvoir contrôler l’acte d’ingérer. Cette pathologie est apparentée à une forme d’addiction. Au moindre soupçon, il est essentiel d’orienter l’adolescente vers un médecin pour le diagnostic clinique mais la prise en charge et l’accompagnement doit être pluridisciplinaire (médecin, psychologue, diététicien et famille).
L’anorexie est aussi un trouble du comportement alimentaire. La personne va mettre en place des comportements compensatoires pour contrer les effets de ses prises alimentaires (vomissements provoqués, usage de laxatif, jeun, excès d’exercices physiques. De la même façon, au moindre soupçon, il est important de confirmer le diagnostic clinique. L’intervention de plusieurs professionnels (médicaux, psychologue et diététiciens…) est essentiels pour accompagner la personne.
Les boissons énergisantes. Ce sont les boissons qui contiennent de la taurine, de la caféine, des extraits de plantes énergisantes. Nocifs pour la santé elles entraînent des problèmes cardiovasculaires, des troubles psycho-comportementaux (nervosité, troubles du sommeil, instabilité, panique…).
Le véganisme : « oui, mais… ». Appelé aussi végétalisme intégrale, le véganisme est un mode de vie qui consiste à ne consommer aucun produit d’origine animale. La viande, le poisson mais aussi le miel, les produits laitiers, les œufs… C’est tendance ! Mais attention aux carences. En particulier en calcium. Car les produits laitiers sont, à ce jour, les seuls aliments qui apportent une quantité de calcium suffisante et de qualité. Le calcium contenu dans les végétaux n’est pas toujours bien assimilé par l’organisme. Un adolescent a besoin de 1000 mg de calcium par jour, soit l’équivalent de 3 à 4 produits laitiers. Les protéines animales peuvent être remplacées par des protéines végétales (légumes secs, graines, céréales complètes). Il convient, dans le cadre d’un régime alimentaire végan entrepris par un adolescent, d’être informé et guidé par un diététicien pour le préserver des carences nutritionnelles possibles et de réaliser auprès de son médecin un bilan nutritionnel sanguin qui jugera de la nécessité de supplémenter l’adolescent en vitamine B12, en fer, en calcium et zinc. L’obésité, le surpoids. D'après l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le surpoids et l'obésité se définissent comme une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé. ... Une personne est en surpoids pour un IMC entre 25 et 29,9. L’obésité démarre avec l’IMC de 30. L’IMC se calcule, entre 18 et 65 ans selon la formule suivante : masse/taille2. Le calcul chez les enfants et les adolescents est le même, mais l’interprétation du résultat est différente. Il faut tenir compte de l’âge de l’enfant.
En cas de surpoids ou d’obésité une prise en charge s’impose. Un régime n’aura pas d’effet à long terme, l’adoption de mécanisme de restriction sera contre-productive. La réponse doit être donnée par une équipe composée de professionnels médicaux et paramédicaux, d’éducateurs physique qui s’interrogeront sur les origines de la prise de poids inadaptée, sur les habitudes de vie, les envies, les objectifs afin d’aider l’adolescent à retrouver un mode de vie harmonieux et bénéfique pour sa santé.
Menus types dans la journée d’un ado
Au quotidien, en période scolaire, sauf encadré par ses parents ou soucieux de ce qu’il mange pour des raisons sportives, médicales, esthétiques, un adolescent ne s’encombre en général pas d’équilibre alimentaire. La
qualité des calories consommées l’importe peu. Avec ses amis, il préfèrera :
prendre un casse-croûte hachis-frites et un soda à la roulotte du coin ou au snack en arrivant à l’école.
s’ouvrir un paquet de chips ou de biscuits à 10 heures, à la récréation,
commander un menu panini, chips et jus pour le déjeuner,
déguster un milkshake au fast-food en sortant de l’école,
s’assoir à la table familiale, s’il y a repas pris en commun, pour le dîner.
Côté porte-monnaie, un menu type fast-food déséquilibré comme celui-ci revient en moyenne à 1 200 Fcfp la journée. Les parents soucieux peuvent encourager le « fait-maison ».
Chacun peut en tirer son analyse. D’un point de vue diététique il va sans dire que cet exemple de répartition alimentaire est trop riche en éléments délétères pour maintenir une bonne santé globale et trop pauvre en éléments bénéfiques.
Cette alimentation ne suit pas les recommandations évoquées précédemment et se compose essentiellement de produits ultra transformés (groupe 4 classification nova). Cependant, elle peut paraitre évidente pour certains car accessible financièrement*. Mais il est judicieux de penser que pour le même coût, on peut réussir à manger sainement en adaptant son organisation d’achats et de préparation des denrées alimentaires, choisissant préférablement le fait-maison (en choisissant les aliments du groupe 1, 2 et 3 de la classification NOVA)
* On retrouve d’ailleurs le même problème chez les adultes, certains parents de ces ados-là qui, lors de leur courte pause déjeuner, se restaurent d’une boite de pua’atoro, d’une baguette de pain à 57 F et d’un soda. Autrement dit, nombre d’enfants ont un modèle alimentaire parental lui-même déséquilibré et future source de graves problèmes de santé.
Comment faire aimer les légumes à ses enfants ?
Gardez en tête que l’enfant explore et expérimente en permanence. Apprendre à manger c’est découvrir. Cela commence par le choix des produits, passe par la cuisine, la préparation, le dressage et se termine par la dégustation.
Si c’est possible, vous pouvez faire encore mieux et démarrer encore plus en amont en faisant pousser les légumes dans un coin de jardin ou, en appartement, dans une petite jardinière sur le balcon ou dans un coin de la cuisine.
Mangez comme lui, et avec plaisir. Un enfant fonctionne par mimétisme. Lui demander de manger des fruits et légumes alors que les adultes de la famille ne le font pas n’a pas de sens. Camouflez les légumes n’est pas la solution. L’idée est de lui apprendre à manger aujourd’hui pour demain. S’il ne sait pas qu’il mange des légumes, il n’aura pas le reflexe de les mettre dans son assiette une fois autonome. En cas de refus net, inutile d’insister et de chercher à négocier. Mieux vaut réitérer l’opération ultérieurement. Les enfants sont, comme leurs ainés, prêts ou non aux expériences en fonction de leur humeur, leur état d’esprit, leur état de fatigue…
Examen : prendre soin de son corps et de son esprit Il n’y a pas de secret ou d’aliment miracle. En période d’examen, pour assurer il faut un bon sommeil, une alimentation diversifiée, rythmée, en juste quantité. Il faut aussi maintenir une activité physique et sportive pour s’oxygéner, prendre du recul… Les compléments alimentaires ne sont pas indiqués sauf pour ceux qui se sentent dépasser par leur stress. Dans ce cas, une complémentation en magnésium se justifie. Les boissons énergisantes n’ont pas leur place en cette période. Elles ne permettent pas de maintenir un état de veille ou d’augmenter la concentration.
« Oui » à la collation, « non » au grignotage
Attention à bien distinguer la collation du grignotage. Ce n’est pas du tout la même chose. Le grignotage perturbe le rythme faim/satiété. Grignoter c’est manger en petite quantité alors que la faim ne se fait pas ressentir. Elle comble autre chose que la faim. La collation apporte de l’énergie à l’enfant ou à l’adolescent entre les repas lorsque c’est nécessaire.
La collation se compose : d’un produit laitier, d’un produit céréalier et/ou d’un fruit.
Un produit céréalier c’est par exemple : des flocons d’avoine, pains, crêpes, sablés…
Un produit laitier c’est par exemple : une brique de lait, un yaourt, une portion de fromage…
Le fruit (ou le légume) peut-être consommé cru ou cuit, en compote par exemple.
Le cas des sodas (et du sucre)
Quel que soit l’âge de l’enfant, il est fortement déconseillé de les introduire, car leur charge en sucre est beaucoup trop importante. Les colas renferment 7 à 9 morceaux de sucre par canette de 33 cl.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a défini une quantité précise de sucre ajouté « autorisée ». Elle recommande, au maximum, que 10% des calories quotidiennes soient consommées sous forme de sucre (5% serait encore mieux). Cela correspond à 25 grammes par jour soit environ 4 cuillères à café (une cuillère à café c’est 6 g). Or, ce dosage prend en compte tous les sucres (les sodas, les sucres contenus dans les viennoiseries, pâtisseries, biscuits, le ketchup, les plats préparés…) ainsi que les sucres naturels dans les fruits, jus, miel…
Quelques exemples :
Coca-Cola : 21,6 g
Pepsi Cola : 20,8 g
Seven Up : 20,8 g
Orangina :19,9 g
Fanta orange :19,2 g
Lipton ice tea saveur pêche :13,6 g
Un pot de yaourts aux fruits : 8 g
Une barre chocolatée : 10,9 g
Une pizza surgelée : 4,3 gUne portion de ketchup (20 g) : 1,5 g
Le sucre, consommé en trop grande quantité est néfaste pour l’organisme. Il entraîne des caries, des problèmes au niveau du foie (stéatose hépatique), surpoids et obésité, diabète de type 2 mais aussi troubles de l’humeur.
La stéatose hépatique c’est la Nash (non alcoholic steatohepatitis) ou la maladie du foie gras humain ! Certaines personnes parlent de la maladie du soda. Elle est de plus en plus courante et survient chez personnes de plus en plus jeunes. En fait, le sucre se transforme en graisses qui sont stockées dans le foie et entrainent des une inflammation et des lésions cellulaires. C’est une maladie silencieuse, au moins au début. Il n’y a pas de symptômes pendant des années. Quand les signes apparaissent (fatigue, jaunisse, hémorragies digestives…), il est souvent trop tard, la NASH est installée. En 2016, les experts réunis lors d'un congrès à l'Institut Pasteur s'inquiétaient du nombre croissant d'enfants en bas âge qui déclenche ces maladies du foie favorisées par les excès de sucre et de matières grasses saturées.
Quant aux troubles de l’humeur, il n’y a plus à en douter aujourd’hui : coup de fatigue, gestion du stress et des émotions plus difficiles… Longtemps attribués aux changements de saison (TAS, pour trouble affectif saisonnier, qui existe réellement dans les pays à saisons très marquées), ces troubles sont en fait souvent dus aux variations de sucre dans le sang qui sont trop brutales. Car le sucre rapide n’aide pas les enfants à se sentir plus énergique, moins fatigué ou de meilleure humeur, contrairement aux croyances.
Le professeur Robert Lustig, endocrinologue pédiatrique à l’Université de Californie du Sud et fervent militant anti-sucre: « Le sucre a trois effets que les autres aliments n'ont pas : il provoque l'accumulation de graisse dans le foie, le vieillissement cellulaire et empêche le cerveau de réguler la sensation de satiété. Il est donc toxique au même titre que le tabac. »
L’alimentation responsable
Manger « responsable » est une notion particulièrement intéressante à aborder sur la voie du bien manger. Dans nos sociétés occidentales ou occidentalisées, se nourrir est devenu presque anodin. L’offre alimentaire est sans limite ou presque, le système d’approvisionnement presque invisible pour le consommateur, lui faisant perdre le sens d’un acte pourtant vital.
Or, les choix en matières d’alimentation ont des conséquences sur la santé individuelle et donc collective des être humains, mais aussi sur celle de la Terre.
En s’alimentant de façon responsable, une personne participe à son niveau au développement durable. Les adultes sont concernés bien sûr. Les adultes en devenir aussi.
Comment s’alimenter responsable ? En privilégiant les produits locaux (ce qui est d’autant plus vrai pour nous qui vivons isolés et très loin de tous les sites de production), en choisissant des produits de saison (ce qui est lié), en optant pour les circuits de production et transformation les plus courts possibles, en limitant la prolifération des emballages inutiles.
Concrètement, cela signifie qu’avant de choisir tel ou tel produit, on regarde l’emballage, on s’intéresse au le lieu de production, au mode de production, au trajet qu’il a fait avant de penser à tous ses bienfaits nutritionnels.
Résultat : l’impact sur l’environnement est réduit, la vie économique et sociale de l’île encouragée.
Savoir lire une étiquette Avant de commencer le décryptage, sachez que le premier ingrédient dans la liste est celui qui est le plus important en termes de %, et ainsi de suite. Puis, préférez le produit :
avec des ingrédients « naturels » : farine plutôt qu'amidon modifié, œufs plutôt qu'œufs en poudre, sucre plutôt que sirop de glucose…
dont la liste d'ingrédients est la plus courte – avec le moins de colorants, d'additifs, etc.
qui contient le moins de sucre ajouté (glucose, fructose, sucre inverti, sirop de glucose-fructose).
dont les matières grasses sont de meilleure qualité, huile d'olive ou de colza.
le moins calorique.
qui contient le plus de fibres (céréales complètes plutôt que raffinées, etc.).
qui ne contient pas les additifs E 338 à E 452.
Enfin, attention aux pièges ! Ajoute des vitamines et minéraux dans un produit ultra-transformés n’a aucun intérêt. C’est du marketing. Les ajouts de vitamine D ne seront jamais suffisant pour être bénéfiques, c’est là encore du marketing. Quant au fer, il est susceptible de réagir avec d’autres nutriments. Puisez dans les aliments qui en contiennent naturellement comme la viande ou le poisson, les œufs, en moindre quantité les légumes secs.
Le goût ça s’éduque ! Bien manger, ça s’apprend ! Les enfants sont influencés par les exemples qu’ils peuvent avoir au sein de la famille. Ils construisent leurs habitudes et les goûts via les expériences du quotidien. Le cerveau a une mémoire de l’alimentation, il emmagasine tout ce qu’il vit. Dans ce contexte les sens (y compris la vue, l’odorat, l’ouïe) ont un rôle important à jouer.
Un enfant qui grimace en goûtant pour la première fois un aliment n’est pas un enfant qui n’aime pas ! Il n’exprime pas un dégoût ou une aversion définitive. Pour aimer un aliment il faut avoir eu une bonne expérience avec celui-ci, et plusieurs fois ! Chaque nouvel aliment est une aventure pour l’enfant : on sent, on regarde, on met en bouche et on découvre toutes les textures, on apprend à ressentir, à décrire, on compare…
Aussi, la famille se doit de proposer à nouveau l’aliment, préparé autrement et proposé autrement, c’est-à-dire dans une autre ambiance, un autre contexte. Parfois, il faut 5, 10, 15 voire X tentatives avant d’y parvenir ! Utiliser le jeu, l’humour, se libérer de son stress sont autant de bons conseils à retenir.
Les habitudes alimentaires s’ancrent également grâce à l’apport de connaissances physiologiques, biologiques, mais aussi culturelles, géographiques, historiques : quel est l’impact de tel aliment sur mon corps ? D’où vient-il ? Comment pousse-t-il ? Comment se cuisine-t-il ? Mes grands-parents le consommaient-ils ? Un vrai jeu de piste qui affûte autant l’intérêt qu’il aiguise l’appétit !